Colloque international retraite et vieillissement

Du Jeudi 7 octobre 2021 au Samedi 9 octobre 2021

Depuis plus de 20 ans, la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts réunit des chercheurs, chargés d’études et experts afin d’alimenter les réflexions et les débats sur la protection sociale.

L'édition 2021

L'édition 2021

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Pour mieux appréhender les questions en matière de retraite et de perte d’autonomie, 200 chercheurs, chargés d’études, experts et décideurs publics, universitaires ou représentants d’institutions publiques, étaient rassemblés les 7 et 8 octobre 2021 à la maison de la Chimie pour le colloque international sur la retraite et le vieillissement. Ce colloque scientifique était organisé par la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts, l’Institut des politiques publiques (IPP), et la Chaire « Économie sociale, protection et société » (Esops) de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le colloque a été ouvert par une allocution de bienvenue de Michel Yahiel (directeur des politiques sociales de la Caisse des Dépôts). Laurent Pietraszewski (Secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail) est ensuite intervenu sur la question du financement de la protection sociale, en soulignant le besoin de réduire le non-recours aux droits sociaux et l’importance qu’il accorde à la santé au travail et au travail des seniors. Christine Neau-Leduc (présidente de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne) a insisté sur le fait que le colloque retraite et vieillissement visait à réunir des chercheurs et des chargés d’études en économie, sociologie et démographie, sur des questions à la fois de retraite et de vieillissement, et que cette pluridisciplinarité dans le domaine des sciences humaines et sociales était dans l’ADN même de l’Université de Paris 1. Antoine Bozio (directeur de l’IPP, chercheur associé à l’École d’économie de Paris (PSE) et Maître de conférences à l’École des hautes études en sciences sociales) s’est d’abord interrogé sur les raisons de l’échec du projet de réforme du système de retraite, qui selon lui tiennent notamment au fait que les pouvoirs publics ne sont pas parvenus à formuler clairement le problème que la réforme devait résoudre (rétablir l’équité et la lisibilité du système, ou bien dégager des économies), ce qui a généré inquiétude et méfiance. Il est ensuite revenu sur les besoins croissants de prise en charge de la dépendance qui vont nécessiter des arbitrages sur la dépense publique ou la recherche de nouveaux financements, avant de souligner que la crise sanitaire soulève d’importantes questions quant à ses conséquences en termes aussi bien de mortalité, de santé à long terme que d’organisation du travail.

Voir Colloque Retraite et Vieillissement - Financer demain la protection sociale et la dépendance en vidéo

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Session plénière

7 octobre

Vieillissement, santé, mortalité et effet de la Covid-19 sur les perspectives démographiques

Emmanuelle Cambois (directrice de l’Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement (ILVV) et directrice de recherche à l’Ined) a rappelé que le vieillissement était un processus complexe avec des dynamiques diverses qui expliquent que la population âgée aujourd’hui est très hétérogène. L’incapacité, les chances de vieillir en bonne santé ou de perdre une partie de son autonomie se construisent ainsi tout au long de la vie. Si la crise liée à la Covid-19 a d’abord affecté la mortalité des plus âgés à l’instar d’autres épidémies (notamment de grippe), elle présente la particularité d’avoir touché toutes les générations dans leurs conditions de vie, dans leurs ressources, dans leur santé mentale et dans leurs chances de vieillir en bonne santé compte tenus des possibles impacts à long terme sur l’état de santé.

Emily Grundy (Professeure à l’Institute for Social and Economic Research de l’Université d’Essex) a complété l’intervention d’Emmanuelle Cambois par une illustration sur la situation britannique de l’impact de la crise sanitaire, en en recensant les effets négatifs (comme la hausse des dépressions, notamment parmi les jeunes, des violences familiales, de la consommation d’alcool et les reports de soins) mais aussi positifs (comme la réduction de la pollution ou la baisse des accidents de la route).

8 octobre

Conditions de vie au travail, fin de carrière et impacts sur la retraite

Carl Emmerson (directeur adjoint de l’Institute for Fiscal Studies IFS) a présenté un état des lieux de la situation en emploi des seniors au Royaume-Uni, marquée notamment par une hausse importante de l’âge d’ouverture des droits à la retraite pour les femmes, passant de 60 à 68 ans entre les générations nées entre 1910 et 1970, pour une espérance de vie à la retraite qui ne croîtrait que d’une année entre ces générations. Par comparaison, l’âge d’ouverture des droits des hommes passe de 65 à 68 ans entre les mêmes générations, pour une espérance de vie à la retraite qui augmenterait de 10 ans. Il a également souligné que la hausse des taux d’emploi aux âges élevés va de pair avec une progression de la part des indépendants comme de celle des salariés à temps partiel dans la population active. Pour autant, certains ne parviennent pas à se maintenir dans l’emploi jusqu’à l’âge d’ouverture des droits : leur situation en termes de revenus est précaire du fait de la modestie des allocations chômage auxquelles ils peuvent prétendre.

Éric Bonsang (Professeur à l’Université Paris Dauphine-PSL) a quant à lui apporté un éclairage sur la situation française de l’emploi des 55-64 ans dont le taux d’emploi demeure assez faible par comparaison avec les autres pays de l’OCDE, même s’il a connu une hausse marquée depuis le début des années 2000. L’analyse des données de l’enquête Share suggère notamment que les individus retirant une faible satisfaction de leur emploi (absence de reconnaissance, faible autonomie, faibles opportunités d’acquérir de nouvelles compétences, perspectives d’évolution limitées…) ou soumis à de mauvaises conditions de travail (pénibilité physique, cadences élevées, peu de soutien dans son travail…) sont davantage susceptibles que les autres de sortir précocement de l’emploi.

Table ronde

7 octobre

Le financement de la protection sociale en période de crise et au-delà

Audrey Rain (économiste à l’Institut des politiques publiques IPP) animatrice de la table ronde, en a défini les contours en proposant une réflexion globale sur le financement de la protection sociale à la suite de la crise sanitaire, la gestion de la dette passée et les trajectoires financières des comptes sociaux, ainsi que les réformes possibles et la soutenabilité du système.

David Hoyrup (secrétaire général adjoint du Haut conseil au financement de la protection sociale HCFiPS) a tout d’abord dressé un état des lieux de la dette sociale : les modalités de gestion de la dette passée, la difficulté à isoler et mesurer la dette Covid. Il s’est également interrogé sur le traitement différencié des dettes Covid de la Sécurité sociale, de l’Unedic et de l’Etat. Didier Blanchet (Président du Comité de suivi des retraites CSR) a quant à lui centré son intervention sur les retraites, affectées par une chute de recettes alors que la crise sanitaire n’avait quasiment aucun impact sur les dépenses. Dans l’esprit de l’avis du Comité de suivi des retraites, il convient de distinguer la gestion du surplus de déficits issus du choc Covid et la trajectoire plus long terme du financement des retraite, lequel doit être tendanciellement équilibré. Par ailleurs, une réforme structurelle devient plus difficile à mener dans un contexte de contrainte budgétaire.

Pour Elsa Fornero (ancienne Ministre Italienne du Travail, des Politiques sociales et de l’égalité des genres, et Professeure d’économie à l’Université de Turin) il est nécessaire de tenir compte de la composition de la dépense, dans certains pays, déséquilibrée en faveur des classes d’âge avancé au détriment des jeunes générations. La trajectoire démographique joue sur le vieillissement qui, en soi, reste un phénomène dont il faut se réjouir. Pour assurer la soutenabilité, il sera néanmoins nécessaire d'augmenter le taux d'emploi des travailleurs âgés encore en bonne santé, ou bien de réduire le niveau de la retraite et de revoir l'indexation des pensions. En outre, pour favoriser l’adhésion aux réformes, il est nécessaire d’améliorer la connaissance qu’ont les individus du système.

Lionel Ragot (Professeur d’économie à l’Université Paris Nanterre, EconomiX, associé à la Chaire TDTE et conseiller scientifique au CEPII) est revenu sur la question de la soutenabilité ou non de cette dette publique. Il a rappelé que l’horizon temporel de l’Etat est différent de celui d’un agent privé (particulier ou entreprise). L’Etat a la faculté de s’endetter pour rembourser une dette émise précédemment, permettant ainsi à une dette qui pourrait sembler a priori démesurée d’être soutenable, sous réserve que les taux d’intérêt n’excèdent pas le taux de croissance, auquel cas la charge de la dette devient un fardeau. Le risque est néanmoins que le surcroît de dette publique imputable à la crise sanitaire réduise les marges d’endettement futur pour financer d’autres grands investissements comme la transition énergétique et environnementale.

Mathilde Viennot (cheffe de projet au sein du département société et politiques sociales de France Stratégie) a apporté un complément sur la question de la soutenabilité du système de protection sociale selon les trajectoires de vieillissement, les contraintes environnementales, la stagnation de la croissance et les visions court-termistes du système de protection sociale. Elle a précisé que les réformes structurelles devaient intégrer diverses réflexions : sur les nouveaux risques à couvrir (pour quels bénéficiaires et quelles couvertures ?) et sur les modèles de la protection sociale : versement de prestations monétaires ou fourniture de services ; mise en place d’incitations ou d’aides selon certaines conditions.

8 octobre

Vieillissement et prise en charge de la dépendance : une politique sociale familiale ou collective ?

Camille Chaserant (Maîtresse de conférences à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne), animatrice de la table ronde, en a dressé la problématique. Les aidants auprès des personnes en perte d’autonomie seront de plus en plus mobilisés dans les années futures. Les aidants familiaux comme les professionnels sont majoritairement des femmes, qui manquent de temps et de ressources : les aidants familiaux sont obligés de réduire voire de cesser leur travail et les aidants professionnels ont des contrats de travail, des modes de rémunération et un manque de reconnaissance qui les incitent plutôt à réduire le temps des soins aux personnes dépendantes. Enfin, alors qu’il y a encore deux ans, la prise en charge de la dépendance allait plutôt dans le sens d’un Etat-providence, la contrainte budgétaire actuelle ne risque-t-elle pas de maintenir un niveau important d’aidants informels ?

Delphine Roy (directrice du programme « Santé et autonomie » à l’Institut des politiques publiques IPP) a commencé par présenter un état des lieux de la prise en charge de la perte d’autonomie en France, pour les personnes vivant à domicile. Elle est revenue sur l’importance de l’aide fournie par l’entourage, dont le poids dans l’ensemble des aides croît avec le niveau de dépendance (l’aide informelle s’élevant plus vite avec la dépendance que l’aide dispensée par des professionnels). Dans un contexte d’accroissement inéluctable du nombre de personnes âgées dépendantes, la priorité accordée au maintien à domicile suppose donc une augmentation très substantielle du nombre d’intervenants à domicile (alors même que ces professions souffrent de difficultés de recrutement) si l’on ne veut pas que les familles consentent l’essentiel de l’effort.

Michel Villac (vice-président du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge HCFEA) a élargi la notion de dépendance aux personnes en situation de handicap, ainsi qu’aux enfants. Il est revenu sur les propositions faites par le Haut conseil à la famille, à l’enfance et à l’âge, d’une uniformisation des congés pour motif familial, d’une amélioration de leur prise en charge et d’un aménagement du travail des aidants.

André Masson (professeur émérite à PSE-École d’économie de Paris, directeur de recherche CNRS et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales EHESS) a davantage centré son intervention sur le financement de la dépendance, qui occasionne des pertes de patrimoine lourdes, sources d'une double peine pour les familles qui cumulent aide à leurs proches et amputation de leur héritage. Pour y remédier, il a proposé une mutualisation du risque entre les seuls seniors reposant sur une cotisation sociale des seniors proportionnelle au montant de leur patrimoine. Cette mutualisation répond à la difficulté des ménages à se projeter sur le long terme en matière de dépendance, en s’attaquant au problème des inégalités de perte de patrimoine. Elle inciterait également les retraités à moins thésauriser, à davantage consommer, à investir sur le long terme et à donner plus tôt à leurs enfants afin d’échapper à cette imposition.

Nathalie Canieux (membre du Conseil économique, social et environnemental CESE) est revenue sur les propositions du CESE sur le travail à domicile auprès des personnes vulnérables, qui requiert de revaloriser les professions des aidants, améliorer leur reconnaissance et la coordination entre eux d’une part mais aussi avec les aidants familiaux.

Enfin, Clotilde Cottineau (directrice de l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis) a présenté la démarche portée par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis depuis un an autour des quartiers inclusifs et des tiers lieux "autonomie dans mon quartier". L'idée est d'articuler les enjeux de la perte d'autonomie avec la rénovation urbaine afin de favoriser les échanges vers les seniors dans les quartiers populaires. Cette intervention s'appuie sur l'expertise des bailleurs sociaux et des associations locales. Elle cherche à renforcer la coordination entre les acteurs au sein des quartiers, en rapprochant les "lanceurs d'alerte" des situations de vulnérabilité (comme les gardiens d'immeuble) des espaces de vie (d'information et d'accès aux droits) accessibles tant géographiquement que socialement.

22 articles de recherche ont été présentés lors des sessions scientifiques au cours des deux journées.

Vous pourrez retrouver très prochainement le compte rendu détaillé des moments forts de l’édition 2021 du Colloque retraite et vieillissement, ainsi que des vidéos et des supports de présentation des intervenants sur leurs travaux d’études et de recherche.

Pour plus de détail sur l’ensemble des intervenants, voir également le programme détaillé du colloque en français et en anglais.

Les actes

Les actes

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Sommaire :

Plénière du 7 octobre 2021 : vieillissement, santé, mortalité et effet de la Covid-19 sur les perspectives démographiques

Emmanuelle CAMBOIS souligne que l’espérance de vie a doublé en deux siècles en France, ce qui s’est traduit par :

  • des années de vie gagnées aux âges élevés ;
  • l’émergence des groupes d’âges élevés ;
  • un vieillissement (structurel) de la population ;
  • une évolution des parcours de vie ;
  • une évolution des vieillesses.

La question centrale à se poser est la suivante : « allonger la vie, dans quel état de santé ? » En effet, il ne suffit pas d’ajouter des années à la vie, il faut aussi ajouter de la vie aux années.

En termes d’espérances de vie avec des limitations fonctionnelles (LF), des évolutions récentes ont été notées :

  • LF Physiques : des années d’incapacité toujours élevées chez les 50-65 ans ; il est noté une augmentation après 65 ans (surtout chez les hommes) ;
  • LF sensorielles : hausse chez les femmes et baisse chez les hommes ;
  • LF cognitives : baisse des années d’incapacité.

Les limitations fonctionnelles sont mieux « gérées », mais demeurent présentes. Les 50-65 ans sont plus touchés qu’auparavant.

Il convient en outre de tenir compte de certaines inégalités face aux années d’incapacité. À titre d’exemple, la vie plus courte des ouvriers ne leur épargne pas des années de vie en mauvaise santé, au contraire. Cette catégorie socioprofessionnelle connait plus d’années d’incapacité au sein d’une vie plus courte. À cela s’ajoutent des inégalités dans les chances d’atteindre la retraite en bonne santé.  Pour les hommes ouvriers, compte tenu de la plus faible espérance de vie et d’une plus grande période de vie avec des limitations fonctionnelles, leur espérance de vie à 35 ans sans limitation fonctionnelle est inférieure de 10 ans à celle des cadres de même sexe.

Les différentes catégories de la population ne sont pas exposées aux mêmes types d’incapacités : d’après une étude publiée en 2019, elles sont plus souvent liées à des maladies invalidantes chez les femmes, à des maladies létales chez les hommes et aux deux chez les ouvriers. Les pathologies sont sensibles à des facteurs sociaux liés à des pénibilités tout au long de la vie.

Des carrières moins qualifiées exposent plus et plus longtemps (notamment aux troubles musculo-squelettiques - TMS) : les carrières défavorables contribuent à la moins bonne santé des femmes (Cambois, Garrouste, Pailhé, 2018). Le chômage, les carrières hachées et peu qualifiées, plus fréquents chez les femmes, vont de pair avec une santé plus dégradée chez elles.

Au chapitre de la longévité et du vieillissement, les crises (comme la Covid 19, mais aussi par exemple les épidémies de grippe sévères ou de gastroentérite, les canicules…) ont un impact significatif et induisent des fluctuation notables des décès aux grands âges d’une année sur l’autre. Au cours des vingt dernières années ces crises ont produit les effets suivants :

  • +  15 000 décès liés à canicule du 1er au 20 août 2003 en France ;
  • +  13 000 décès liés aux épisodes grippaux de 2014-2015 et 2016-2017 ;
  • +  11 000 en 2017-2018 (85 % parmi les 75 et plus).

Il est noté une surmortalité durant la crise de la Covid 19. Des pics des décès ont été enregistrés par rapport à 2019, concentrés sur les grands âges. Les décès liés au COVID cumulés depuis début 2020 sont évalués à 127 500 en mai 2021, soit 65 300 hommes et 62 200 femmes.

Les conditions de vie durant la crise épidémique, marquée par le télétravail, la perte de revenus, la difficile conciliation famille-travail, des impacts sur les relations familiales ou le deuil ne sont pas sans conséquence sur le long terme. Ont été relevés des ressentis de mal-être divers et qui ont évolué au fil des mois, dont les conséquences sont difficiles à anticiper.

En termes plus prospectifs, les points suivants sont à noter :

  • un vieillissement de population inéluctable, fort et divers d’un pays à l’autre et d’un groupe de population à l’autre ;
  • des incapacités en évolution : des années de dépendance contenues, mais des limitations fonctionnelles à accompagner ;
  • des risques de dépendance qui se construisent au long de la vie, avec des inégalités sociales marquées ;
  • des crises sanitaires qui affectent régulièrement les plus fragiles, et notamment les plus âgés. La crise COVID-19 a touché directement et massivement les plus âgés, mais indirectement toutes les générations : l’impact de la crise sur les ressources et la santé des familles sont susceptibles d’induire un « vieillissement dégradé ».

Voir les présentations projetées d'Emily Grundy et d'Emmanuelle Cambois

Emily GRUNDY explique que le virus de la COVID-19 a eu de fortes conséquences sur la mortalité et les comportements de la population au Royaume-Uni.

Tout d’abord, il est à noter que le vieillissement de la population est également affecté à long terme par l’évolution de la fertilité et des flux migratoires. Les conséquences du virus sur la fertilité demeurent, à ce jour, incertaines. Les migrations internationales ont quant à elles été très fortement réduites durant la pandémie en raison des restrictions de circulation. Une modification des migrations internes a également été constatée avec notamment des pertes nettes de population de l’agglomération londonienne au profit des zones plus rurales, la population souhaitant se rapprocher de la nature dans ces temps difficiles. Il n’est pas possible, à ce stade, de dire si ces phénomènes vont se poursuivre.

La question des interactions sociales, notamment au sein des foyers, peut également être soulevée. Quel impact de la pandémie à ce sujet à long terme ?

S’agissant de la retraite, les opinions sont divisées. Certains travailleurs annoncent que le télétravail, massivement déployé durant la période de crise, les encourage à demeurer plus longtemps sur le marché du travail, tandis que d’autres souhaitent s’en retirer plus tôt en raison du stress que la pandémie a généré.

Le Royaume-Uni est l’un des pays européens les plus affectés par la crise. Outre une surmortalité particulièrement prononcée, le pays a pâti du manque de reconnaissance des professionnels du soin (un problème aigu depuis déjà longtemps) de la forte dépendance du marché du travail aux flux internationaux de main d’œuvre.  
Le graphique présentant le nombre de décès liés à la COVID-19 de mars 2020 à octobre 2021 par million d’habitants démontre que les États-Unis et le Royaume-Uni ont payé un plus lourd tribut que les grands pays d’Europe continentale (Allemagne, Espagne, France et Italie). La surmortalité due à la Covid est toutefois complexe à évaluer précisément faute de savoir quelle aurait été la mortalité en l’absence de pandémie.

Dans les Ehpad, le virus a clairement été la première cause de décès chez les hommes lors des deux premières vagues, et la seconde chez les femmes (la première demeurant les pathologies de type démence/maladie d’Alzheimer).

Par ailleurs, les confinements ont entraîné de nombreux changements de comportements, surtout négatifs, mais parfois positifs. Parmi les effets néfastes on recense : 

  • une consommation d’alcool accrue
  • moins d’activité physique, davantage de troubles musculosquelettiques,
  • davantage de violences et accidents domestiques,
  • un accès restreint aux services de soins et médicaux,
  • un risque d’anxiété et de dépression accru (en particulier chez les plus jeunes),
  • de moindres stimulations sociales ce qui accroît le déclin cognitif,
  • une dégradation des compétences fonctionnelles chez les survivants au COVID-19.

Les conséquences positives sont les suivantes :

  • une diminution du recours au tabac et aux drogues, 
  • moins de pollution et de maladies infectieuses grâces aux gestes barrières,
  • une baisse des accidents de la route et de la criminalité.

La crise représente une opportunité de s’attacher à reconnaître davantage les professionnels du soin et à résoudre les difficultés rencontrées durant cette période car même si elle prend fin, il ne s’agira pas de la dernière pandémie que la société connaitra.

Un intervenant souligne que des études font état d’effets négatifs sur la natalité en France neuf mois après le confinement. L’INED a-t-il pu confirmer cette donnée ?

Emmanuelle Cambois répond qu’un rapport indique effectivement une baisse des naissances, mais qu’elle n’a pas étudié le sujet à titre personnel.

Une intervenante a le sentiment, après avoir suivi les différentes présentations, que le vieillissement n’est plus une conquête à considérer. Elle souhaiterait savoir si les démographes pensent que la longévité continuera d’augmenter.

Emily GRUNDY estime que le vieillissement de la population et l’accroissement de la longévité des individus sont de bonnes nouvelles, et non des faits négatifs. Une croissance rapide de la population peut engendrer de nombreux problèmes, notamment environnementaux et économiques. De nos jours, la plupart des individus conservent une bonne qualité de vie jusqu’à peu de temps avant leur mort. Il convient par ailleurs de poursuivre les progrès pour les personnes atteintes de maladies cognitives, tels que la maladie d’Alzheimer.

Emily Grundy souligne qu’il existe de nombreux questionnements sur les progrès encore possibles en matière d’espérance de vie. Des travaux en cours visent à étudier les pionniers de l’espérance de vie au fil des décennies. L’objectif est d’en déduire une estimation des gains potentiels à venir et d’anticiper si l’espérance de vie va continuer à progresser ou au contraire stagner. Les études démontrent que la baisse de la mortalité qui permet ces gains d’espérance de vie touche toute la population, y compris des personnes fragiles, qui survivent plus longtemps à leur maladie.

Un intervenant note que sur la base de l’indicateur d’âge prospectif les ratios de dépendance calculés ne sont pas particulièrement défavorables en projection. Cet indicateur doit-il être davantage mobilisé ?

Une intervenante estime que cet indicateur, comme d’autres, est à mobiliser pour nuancer des conclusions un peu trop tranchées qui ne tiennent pas compte du fait que les dynamiques d’espérance de vie sont très complexes et résultent d’une diversification des parcours, des expositions tout au long de la vie à des risques de mortalité. De plus, les progrès sanitaires et médicaux protègent certaines personnes fragiles.

Table ronde : Le financement de la protection sociale en période de crise et au-delà

Animation : Audrey RAIN - Économiste à l’Institut des politiques publiques (IPP)

Intervenants : 

  • Didier BLANCHET - Président du Comité de suivi des retraites (CSR)
  • Elsa FORNERO - Ancienne Ministre Italienne du Travail, des Politiques sociales et de l’égalité des genres, Professeure d’économie à l’Université de Turin
  • David HOYRUP - Secrétaire général adjoint du Haut conseil au financement de la protection sociale (HCFiPS)
  • Lionel RAGOT - Professeur d’économie à l’Université Paris Nanterre, Chercheur à EconomiX, Associé à la Chaire TDTE et Conseiller scientifique au CEPII
  • Mathilde VIENNOT - Cheffe de projet au sein du département société et politiques sociales de France Stratégie

Audrey RAIN indique que dans un 1er temps les intervenants dresseront un état des lieux des dispositifs d’accompagnement et de protection sociale et la manière dont ils ont été impactés par la crise en termes de dépenses et de recettes. Il sera ensuite question, dans un deuxième temps, de la manière dont seront gérés la dette passée et les comptes courants à venir. En dernier lieu, les intervenants évoqueront les réformes possibles pour revenir à un équilibre budgétaire. Seront également traitées les réformes structurelles qui avaient été évoquées avant la crise sanitaire.

État des lieux des dispositifs d’accompagnement et de protection sociale

David HOYRUP souligne que la crise a eu des conséquences relativement importantes sur les finances sociales, mais pas seulement. Le budget de l’État est le plus dégradé. Le redressement des comptes sociaux au bout de deux années semble plus rapide que lors des crises précédentes. La question clef porte toutefois sur les conditions et la vitesse du retour à l’équilibre des comptes publics après 2022.

L’assurance chômage représente un cas particulier car le régime est en déficit depuis la crise financière de 2009. Il a explosé suite à la crise sanitaire pour atteindre 18 Mds € sur une dépense d’à peine 40 Mds €. La dette s’aggrave également.

S’agissant du régime de Sécurité sociale à proprement parler, les déficits sont plus importants à chaque nouvelle crise. Celle de 2020 l’a porté à 40 Mds € contre 28 Mds € au plus fort de la crise financière de 2009. Les niveaux semblent plus acceptables en 2023, mais le déficit reste tout de même à 15 Mds €.

L’ampleur de la contraction des recettes reflète une crise atypique en ce sens qu’il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement, mais d’une vitrification de l’économie durant les périodes de confinement. Sur le taux de chômage, on reviendrait au niveau qui prévalait juste avant la crise et qui était déjà le plus bas observé depuis le milieu des années 2000.

La protection sociale a joué un rôle d’amortisseur avec des prélèvements qui baissent et des dépenses maintenues pour limiter les effets récessifs de la crise. L’autre atypie de cette dernière est qu’elle s’est déroulée dans un contexte de taux d’intérêt extrêmement faibles, voire négatifs. De plus, alors qu’à l’occasion des précédentes crises toutes les branches étaient affectées de la même manière avec des contractions de recettes, il est noté ici une divergence entre les branches dont certaines reviennent assez vite à l’équilibre.

Didier BLANCHET indique que s’agissant de la retraite, il n’y a pas d’effets dépenses à considérer. Juste avant la crise, le système était presque revenu à l’équilibre avec une part de retraite de 13,7 % dans le PIB. À moyen terme, un décalage subsistera durablement entre un PIB qui restera fortement en dessous de ce qui était prévu avant la crise et des retraites qui continueront sur la trajectoire initiale. À très long terme, l’équilibre sera retrouvé, même si l’intégralité de la perte de PIB initiale ne sera jamais récupérée. Il est précisé que l’essentiel pour l’équilibre du système de retraite est moins le niveau du PIB que le taux de croissance en régime régulier.

A noter qu’entre les projections 2019 et 2020, une hypothèse beaucoup plus restrictive a été retenue sur les salaires dans la fonction publique. Mécaniquement, avec l’hypothèse que les hausses de salaires passent par les primes, le taux de remplacement des fonctionnaires décroche à long terme.

La question de la gestion des déficits et des dettes accumulées restera d’actualité tant que la situation ne sera pas revenue à l’équilibre. De plus, se posera un jour ou l’autre la question du désendettement. Parallèlement, d’autres besoins ont émergé avec la crise. La prise de conscience climatique a encore connu un coup d’accélérateur : cela dit, la gestion de la crise climatique, à moyen terme, induira surtout des coûts supplémentaires pour décarboner l’économie. On ne saurait donc en attendre un levier de croissance pour la résolution des problèmes de financement des retraites.

Elsa FORNERO fait valoir qu’il était presque naturel que la dette augmente dans une crise comme celle-ci en raison de l’intervention de l’État, en Italie comme dans d’autres pays, rendue nécessaire par le blocage de l’économie. Fin 2019, la dette publique italienne atteignait 130 % du PIB. À présent, elle se chiffre à 160 %. En revanche, la situation financière est relativement calme et la charge de la dette maîtrisée grâce aux taux d’intérêt très bas. Contrairement à ce qui s’est passé en 2011 où l’Italie a été plongée dans une crise financière aiguë,  l’argent a été disponible lors de la pandémie pour assurer toutes les dépenses sociales en direction des familles, suspendre la taxation, venir en aide aux entreprises comme aux travailleurs indépendants, etc.

Le changement d’attitude de l’Europe a induit des conséquences importantes pour l’Italie, qui dispose désormais de 200 Mds € de financements pour les prochaines années, auxquels le gouvernement a ajouté 50 Mds €. L’enjeu reste le retour à la croissance de l’économie. C’est naturellement un impératif pour le système de retraite qui, comme en France, est financé par répartition. La croissance garantit la soutenabilité du système mais elle suppose un investissement dans les facteurs réels de production, notamment le capital humain. C’est cette direction que l’Italie a désormais empruntée.

Lionel RAGOT souligne que le journal Le Monde, commentant la dernière note de conjoncture de l’Insee, indique que le PIB français retrouvera, fin 2021, son niveau d’avant crise. Le taux de chômage continuera par ailleurs à baisser sensiblement pour atteindre un niveau qui n’avait pas été connu depuis 2008. Cela dit, ces données macro-économiques favorablent omettent la dette. Pour rappel, tout l’ajustement a été supporté par l’endettement public.

Ci-dessous divers pays européens classés par ordre décroissant en termes d’augmentation de dette publique :

  • l’Espagne : + 29,7 points de PIB ;
  • la Grèce : + 29 points de PIB ;
  • l’Italie : + 25 points de PIB ;
  • la France : + 20,5 points de PIB ;
  • l’Allemagne : + 11,4 points de PIB.

Les États-Unis ont connu la même évolution avec + 17 points de PIB de dette supplémentaire. La stratégie du « quoi qu’il en coûte » a donc été appliqué par tous les pays sans qu’une crise économique et sociale majeure ne résulte de cette pandémie. Pourtant, tout l’ajustement s’est opéré sur la dette.

La gestion de la dette passée et la trajectoire des comptes courants à venir

David HOYRUP fait observer que le HCFiPS réfléchit depuis un an et demi à la question de la dette et des comptes courants. La stratégie de redressement des comptes sociaux reste cependant à définir. Pour l’instant, le pari porte sur la croissance, sur laquelle planent pourtant de grandes incertitudes, la crise n’étant pas encore terminée. À cela s’ajoutent les aléas de la transition environnementale et les sous-jacents en termes de vieillissement de la population (financement de la dépendance, des retraites…). Des questionnements se font également jour sur les taux d’intérêt, les taux d’inflation, les futures règles du jeu européennes. Le seul pari de la croissance paraît donc risqué et il semble nécessaire de ne pas s’appuyer exclusivement sur elle pour définir une stratégie de retour à l’équilibre.

Les questionnements sur la stratégie de redressement des comptes courants et de réduction de la dette sont intrinsèquement liés. Il paraît cependant difficile de déterminer une dette COVID compte tenu de l’existence de différentes conventions. De plus, la dette COVID de l’État, celle de la Sécurité sociale et celle de l’UNEDIC ne sont pas gérées de la même manière. La question centrale est de savoir s’il est possible de poursuivre la stratégie en vigueur depuis 1996 qui consiste à atteindre l’équilibre des comptes courants tout en remboursant la dette sociale. Cette question est d’autant plus pertinente que de nouveaux besoins émergent.

Mathilde VIENNOT indique que deux éléments peuvent affecter durablement les trajectoires de redressement. Le 1er est le ralentissement de la croissance. Le 2e a trait aux contraintes environnementales et au défi de la transition écologique. Le système de protection sociale est en effet un pur produit de la société productiviste et de l’abondance industrielle. Il se base sur un modèle qui produit ses propres risques (chômage, maladies professionnelles, accident de travail, etc.) et qui tire son financement des fruits de ce modèle, la croissance étant perçue comme une amélioration des conditions de vie. Il est donc accepté que les surplus de la production soient partagés pour la protection de tous.

Ce contexte change. Les revenus primaires stagnent depuis 2008. Ce ralentissement de la croissance amène à se poser la question de la soutenabilité du financement de la protection sociale. C’est ici qu’interviennent les contraintes environnementales. La transition imposera en effet des prélèvements supplémentaires, ce qui conduit à accepter qu’à revenu donné la consommation, qu’elle doit privée ou publique, soit moindre. Le non-recours, choisi ou imposé, aux énergies fossiles, conduira certainement à une contraction durable du PIB, ce qui affecte durablement les comptes. Ce grand changement de paradigme n’est pas encore pensé dans les trajectoires de la protection sociale.

Didier BLANCHET souligne que le moindre effort que l’on peut demander au système de retraie est d’être financièrement équilibré en régime permanent. Cela dit, les projections de soldes demeurent un exercice assez complexe. Le COR annonce plusieurs hypothèses de croissance avec des résultats très contrastés. Il existe également plusieurs conventions de calcul des soldes. De plus, des hypothèses doivent être émises sur un certain nombre de ressources discrétionnaires. Tous ces éléments rendent le résultat instable.

Une des conventions de projection considère que l’État doit continuer à contribuer globalement au système de retraite dans un pourcentage constant du PIB. Cette projection aboutit à des déficits qui restent négatifs à court terme, mais la situation s’améliore très sensiblement, conduisant même à une période d’excédent à long terme.

Une autre convention de projection du COR suppose que l’État continue à payer la retraite de ses fonctionnaires et se contente de maintenir les subventions d’équilibre des régimes qui bénéficient actuellement de celles-ci. Cette convention débouche sur des soldes qui sont davantage négatifs.

Au chapitre des réformes structurelles, le CSR insiste sur le besoin d’une clarification du système, de règles d’indexation qui évitent la dépendance des résultats à la croissance. La question est de savoir si ce système voulu doit peser 13 points de PIB ou 13,5 points ou tout autre chiffre. Les difficultés s’accumulent quand on souhaite engager une réforme structurelle d’un système dont la taille se réduit en proportion du PIB.

Elsa FORNERO soutient que l’Italie a déjà mis en œuvre des réformes structurelles. Les populations devaient toutefois comprendre que la situation change non pas pour elles, mais pour les générations futures. Ces mesures ont été prises sans réelle transparence. Les lois votées n’ont été ni comprises ni mises en œuvre immédiatement. Face à des déséquilibres très lourds, cette démarche de long terme s’avère problématique. L’une de ses manifestations a été la crise financière de 2011.

La formule redistributive qui était en vigueur en Italie auparavant appliquait un taux de cotisation plus haut aux personnes les moins avantagées, ce qui est contraire à la justice sociale. La nouvelle formule contributive comporte des mécanismes d’ajustement automatiques.

Lionel RAGOT fait valoir que face à cette augmentation conséquente de la dette, il n’est pas simple de trancher, et cela pour différentes raisons. Les économistes sont au moins d’accord sur le fait qu’un déficit récurrent du régime de retraite ne se justifie pas.

Plus généralement, l’État peut s’endetter plus facilement que les entreprises ou les particuliers, notamment parce que son horizon temporel plus long lui permet d’emprunter pour rembourser sa dette passée. Malheureusement, les économistes ne savent pas calculer le niveau optimal du taux d’endettement. Le vrai enjeu est donc non pas tant celui du niveau de la dette, que de sa soutenabilité, laquelle dépend de deux variables : le taux d’intérêt réel et le taux de croissance de l’économie. L’essentiel est donc d’éviter que la dette explose, ce qui se produit lorsque le taux d’intérêt réel est durablement supérieur au taux de croissance.

Mathilde VIENNOT estime qu’avant d’évoquer le financement, il convient de réfléchir aux besoins et aux grands arbitrages. S’agissant du système de retraite, par exemple, la question fondamentale est le partage entre consommation durant la vie active et pendant la retraite. Par ailleurs, en cas de hausse des besoins sociaux, il importe de déterminer la part de financement à socialiser et celle que l’on souhaite laisser à la charge des ménages. Ce partage entre consommation privée et consommation publique dépasse très largement le cadre de la protection. Il est probable que dans un modèle de société plus soutenable il faille moins recourir à une politique de revenus.

Le reversement de cette logique « besoins de financement » conduit à repenser la manière de conduire les politiques publiques. La loi de programmation des financements publics devrait dès lors porter le débat budgétaire sur des objectifs de protection sociale.

Un intervenant s’étonne que dans le domaine de l’investissement, la France, contrairement à l’Italie par exemple, reste sur des schémas classiques qui ne semblent pas avoir pris la mesure des défis qui ont été révélés par la crise, notamment la dramatique désindustrialisation du pays. Les schémas de réindustrialisation doivent être pris en compte et couplés avec une politique de déploiement des dépenses sociales.

Elsa FORNERO tient à préciser que l’Italie a mis en œuvre un bon plan après avoir reçu la part la plus significative du fonds européen. Le défi à présent reste une question concrète. Les problèmes sont loin d’être résolus.

Un intervenant se demande s’il est tenable de poursuivre dans une démarche bismarckienne qui veut que les cotisations pour la protection sociale soient exclusivement basées sur les revenus du travail.

Elsa FORNERO considère que la cotisation peut être maintenue. Parallèlement, il convient de poursuivre la taxation progressive des autres revenus pour payer des cotisations.

David HOYRUP ajoute que le schéma logique serait que des cotisations sur les revenus du travail financent les risques principalement contributifs.

Plénière du 8 octobre 2021 : conditions de vie au travail, fin de carrière et impacts sur la retraite

Voir les présentations projetées de Carl Emmerson et d'Eric Bonsang

Carl EMMERSON présente l’évolution des comportements relatifs à la retraite.

Pour rappel, au Royaume-Uni, la population est souvent contrainte de compter sur son épargne personnelle pour s’assurer de revenus suffisants pendant sa retraite. Dans ce contexte, il est important qu’elle comprenne les enjeux de la retraite, s’agissant notamment de la durée passée à la retraite et du fonctionnement du système pour traverser sereinement cette période de la vie.

Le premier graphique compare le taux d’emploi en France et au Royaume-Uni, par catégorie d’âge. Celui-ci démontre que, si les taux des deux pays sont similaires pour les hommes et femmes de 55 à 59 ans, les taux d’emploi des 60-64 ans et des 65-69 ans sont beaucoup plus faibles en France. Cette différence traduit-elle des choix collectifs différents ou des contraintes ? S’il s’agit d’un choix collectif, ces taux d’emploi plus faibles ne posent pas en soi de problème. En revanche, s’ils traduisent par exemple des problèmes de santé plus fréquents empêchant ces personnes de travailler, il convient d’en analyser plus précisément les causes.

De manière assez cohérente avec ce premier constat, la France affiche l’une des durées de retraite les plus longues d’Europe, équivalente à 22,7 ans pour les hommes et 26,0 ans pour les femmes, contre 18,9 ans pour les hommes et 22,2 ans pour les femmes au Royaume-Uni.
Au Royaume-Uni, durant les années 1960, 1970, puis à nouveau entre 1985 et 1990, 40 % des retraités vivaient sous le seuil de pauvreté, ce qui reflétait l’inefficacité du système de retraite de l’époque ainsi qu’un manque de soutien et de reconnaissance de la part du gouvernement. Depuis 1990, des moyens plus importants ont été déployés au bénéfice des retraités. Le système de retraite de l’État reconnaît notamment davantage les contributions des femmes à la société durant leurs années de travail. Aujourd’hui, moins de 20 % des retraités vivent sous le seuil de pauvreté. Depuis la fin des années 2000, le revenu moyen d’un foyer de retraités est comparable celui d’un foyer d’actifs.

Entre 1975 et 1995, le Royaume-Uni a connu une dégradation du taux d’emploi pour les hommes de 55 à 59 ans. Ce déclin s’observe également chez les 60-64 ans mais est plus mesuré chez les 65-69 ans. A partir du milieu des années 1990, le taux d’emploi a augmenté jusqu’en 2021 pour toutes ces catégories d’âge. Cette remontée des taux d’emploi aux âges élevés est à mettre en regard d’une réduction importante de la mortalité : les hommes âgés de 65 à 69 ans ont en 2020 un taux de mortalité annuel (1,3 %) inférieur à celui des hommes âgés de 55à 59 ans en 1975 (1,5 %). Les personnes âgées de 65 à 69 ans sont donc en bien meilleure santé qu’il y a 45 ans, même si cela ne signifie pas qu’elles devraient à tout prix travailler. Par ailleurs l’évolution des conditions de travail est plus propice au maintien dans l’emploi à un âge élevé : 60 % des hommes âgés de 60 à 74 ans et en emploi en 2016 ont indiqué ne pas effectuer de tâches physiquement exigeantes.

La situation diffère quelque peu pour les femmes. La hausse tendancielle des taux d’emploi féminins au fil des générations compense plus ou moins la propension à partit plus tôt à la retraite. Les taux d’emploi féminins des différentes catégories d’âge stagnent donc globalement du milieu des années 1970 au milieu des années 1990, avant d’augmenter très significativement. 80 % des femmes de 60 à 74 ans employées en 2016 ont indiqué ne pas effectuer de tâches physiquement exigeantes. Le taux de mortalité des 65-69 ans en 2020 (0,8 %) est équivalent à celui des 55-59 ans en 1975, ce qui témoigne là aussi d’une meilleure santé qu’auparavant, et d’une capacité plus importante à travailler aux âges élevés.

En outre, au Royaume-Uni, un quart des personnes de 65 ans en emploi sont des travailleurs indépendants et plus de 40 % travaillent à temps partiel. A cet égard la situation britannique diffère de celle de la France, où la population a tendance à travailler à temps plein jusqu’à sa retraite. Au Royaume-Uni, les individus tendent plutôt à travailler à temps plein, puis à temps partiel avant de prendre leur retraite. Après enquête, les personnes âgées travaillant à temps partiel ont indiqué, pour la plupart, que cela découlait d’un choix et non d’une contrainte. A contrario, les personnes plus jeunes employées à temps partiel ont affirmé souhaiter travailler à temps plein, dans l’idéal.

Au Royaume-Uni, une allocation forfaitaire est versée mensuellement aux personnes atteignant l’âge de la retraite, qui est fixé à 66 ans pour les personnes (hommes et les femmes) nées à la fin des années 1950, qui partent actuellement à la retraite. Cet âge a légèrement augmenté (de 65 à 66 ans) pour les hommes sur les années récentes, beaucoup plus pour les femmes (de 60 à 66 ans). Il doit être porté à 69 ans pour les générations nées à la fin des années 1980. Aujourd’hui, les personnes entre 40 et 54 ans s’attendent à travailler jusqu’à plus de 65 ans. Dans ce contexte, il convient de s’intéresser aux personnes qui n’ont pas la capacité, pour des raisons de santé ou autres, de travailler jusqu’à cet âge. À ce jour, les aides aux travailleurs sont significativement moins généreuses que les aides attribuées aux retraités. En effet, en 2021, une personne en recherche d’emploi célibataire reçoit 75 livres par semaine, tandis qu’une personne à la retraite en perçoit environ 170. Cet écart ne cesse de ne creuser au fil des années et accroît le risque de pauvreté des personnes dont la santé ne leur permet de travailler jusqu’à un âge élevé. Il est donc urgent de réfléchir à une optimisation des aides à apporter aux personnes approchant l’âge de la retraite, et plus particulièrement à celles qui ne sont plus capables de travailler jusqu’à cet âge.

En conclusion, l’augmentation de l’âge de la retraite est une réponse cohérente aux enjeux de l’amélioration de l’espérance de vie et du vieillissement de la population. Elle a permis de promouvoir l’emploi des personnes âgées et de mieux assurer la suffisance des économies personnelles que la population réalise en vue de sa retraite. Cependant, l’écart entre le soutien apporté par l’État avant et après l’âge de retraite représente un enjeu important, en particulier pour les personnes n’étant plus en mesure de travailler avec l’âge.

Eric Bonsang illustre quant à lui les évolutions de la retraite en France. Depuis les années 1970 jusque dans les années 1990, les départs anticipés en retraite ont représenté un défi majeur du système de retraite. Le gouvernement et les employeurs les percevaient initialement comme des solutions aux problèmes économiques induits par le fort taux de chômage. Aujourd’hui, la tendance inverse est constatée ; le gouvernement et les organisations internationales promeuvent un départ en retraite plus tardif, et souhaitent une présence accrue des 55-64 ans sur le marché du travail.

Un fort déclin du taux d’emploi des hommes de 55 à 64 ans est observé depuis 1975 jusqu’au début des années 2000, où ce taux a commencé à augmenter à nouveau. Ce même constat peut être réalisé pour le taux d’emploi des femmes, bien que la dégradation ait été moins significative. Encore aujourd’hui, le taux d’emploi de cette catégorie de population reste faible en France, comparé à plusieurs autres pays européens. Il convient alors de s’interroger sur les raisons de cette situation. Plusieurs raisons sont régulièrement avancées pour justifier les départs précoces du marché du travail. Certains de ces arguments ont toutefois été démentis par les faits, notamment deux, à savoir :

  • l’argument selon lequel la productivité diminuerait à mesure que l’âge avance, 
  • l’argument selon lequel les départs précoces à la retraite permettraient de réduirele taux de chômage des plus jeunes.

D’autres arguments semblent en revanche avérés :

  • de mauvaises conditions de travail poussent à un départ en retraite tôt : des mesures visant à leur amélioration pourraient contribuer à la hausse du taux d’emploi des 55-64 ans ;
  • les salariés âgés sont fréquemment peu satisfaits de leur travail.

Un intervenant fait remarquer que l’emploi et la retraite sont actuellement pensés d’une manière binaire. Or, il serait pertinent, d’une part, d’élargir l’analyse en prenant davantage en compte les changements de statuts et d’emploi des individus au cours de la carrière, et d’autre part, de considérer les taux de « décrocheurs », importants aussi bien en France qu’au Royaume-Uni, dans le cadre des régimes. Enfin, il est suggéré d’examiner le potentiel de dispositif de retraite par étape, afin de permettre une transition entre l’emploi à temps partiel et la retraite.

Carl EMMERSON exprime son accord : il n’est pas judicieux de considérer le travail à temps plein et la retraite à temps plein comme deux entités différentes. Pour soutenir au mieux les individus dans cette transition, il convient de prendre en compte plusieurs paramètres entourant leur poste, comme le type d’emploi qu’ils exercent, leur satisfaction à cet égard, les activités et missions que leur emploi implique, etc. De plus, il est essentiel de définir clairement les notions de retraite, santé, et travail, pour assurer une transition sereine ainsi qu’une meilleure santé et sécurité financière.

Emily GRUNDY estime que le gouvernement et les employeurs devraient offrir davantage d’opportunités de formations à leurs salariés âgés, afin qu’ils puissent se repositionner dans un nouvel emploi lorsqu’ils font face à la disparition de leur activité.

Carl EMMERSON confirme qu’il s’agit d’un enjeu important, en particulier pour les personnes à faible niveau d’éducation. En effet, les personnes diplômées peuvent davantage faire preuve d’adaptation lorsqu’elles sont contraintes de changer d’emploi. Par ailleurs, il peut être également intéressant de mener des études qualitatives et quantitatives pour déterminer les conséquences d’un maintien en emploi plus tardif : quelle influence cela exerce-t-il pour les plus jeunes ? Comment cela impacte-t-il leur productivité ? Quels sont les effets positifs ou négatifs ?

Un intervenant s’enquiert des raisons de telles différences d’incitation financière au départ en retraite entre le Royaume-Uni et la France. Ces dernières sont censées refléter les préférences de la population, que le système politique parvient plus ou moins à traduire. Comment expliquer ces différences de structuration ?

Carl EMMERSON explique qu’au Royaume-Uni, le système de retraite a été historiquement construit comme moyen de lutter contre la pauvreté de la population ayant contribué au fonctionnement de la société. 60 % des revenus de retraite proviennent de dispositifs de type fonds de pension, tandis que 40 % proviennent de l’État. En outre, la population a bien intégré les conséquences à long terme des multiples réformes des retraites engagées au cours des dernières années.

Eric BONSANG rappelle qu’il est utile de mettre en comparaison les situations des pays confrontés à un fort taux de chômage, et les systèmes de retraite mis en place en réponse. Il peut parfois être observé qu’il s’agit moins d’une politique précise en la manière que d’une « habitude » prise au fil des années qui résulte en un départ à la retraite anticipée.
 

Table ronde : vieillissement et prise en charge de la dépendance : une politique sociale familiale ou collective ?

Animation : Camille CHASERANT - Maîtresse de conférences à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Intervenants :

  • Nathalie CANIEUX - Membre du Conseil économique social et environnemental (CESE)
  • Clotilde COTTINEAU - Directrice de l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
  • André MASSON - Professeur émérite à PSE-École d’économie de Paris, directeur de recherche CNRS, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
  • Delphine ROY - Directrice du programme « Santé et autonomie » à l’Institut des politiques publiques (IPP)
  • Michel VILLAC - Vice-président du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA)

Camille CHASERANT introduit la table ronde en proposant de discuter du rôle des aidants qui seront de plus en plus mobilisés à l’avenir compte tenu du vieillissement démographique et de l’incitation au maintien à domicile. À cela s’ajoute le fait que les personnes en perte d’autonomie désirent elles-mêmes être maintenues à domicile. Or le constat est que ces aidants manquent déjà aujourd’hui de temps et de ressources.

Quant aux aidants professionnels, ils exercent des métiers dont les contrats et modes de rémunération ne les incitent pas à accorder du temps aux personnes dépendantes. Que faire pour aider ces aidants ? Par ailleurs, dans cette période de forte contrainte budgétaire, les aidants familiaux et les aidants professionnels, qui devraient être complémentaires, ne deviendront-ils pas substituables à terme ? Cette tâche ne sera-t-elle pas assumée uniquement par les aidants informels ou familiaux demain ?

Programme santé et autonomie : les premiers résultats sur les aidants

En réponse à la question posée comme thématique, Delphine ROY estime que la prise en charge de la dépendance est une politique sociale à la fois familiale et collective. Les personnes dépendantes à domicile reçoivent souvent de l’aide informelle assurée par la famille (conjoint, enfants…). Cette aide est toutefois difficile à quantifier : dans certains cas les totaux déclarés peuvent être supérieurs à 24 heures par jour, plusieurs personnes intervenant en même temps. L’aide des conjoints est tout aussi complexe à quantifier. Toujours est-il que ces aides sont essentielles au maintien à domicile.

En GIR estimé 3-4 (dépendance modérée), la personne peut recevoir de l’aide professionnelle, ou bien de son entourage. Cela dit, la moitié des personnes reçoivent les deux. En revanche, quand la personne est très dépendante (GIR estimé 1-2), c’est massivement l’aide mixte qui est mobilisée. Rares sont les personnes à domicile qui bénéficient uniquement de l’aide professionnelle (4 %).

Le nombre d’heures d’aide effectivement reçues de l’entourage croît avec le degré de dépendance, et plus fortement que le nombre d’heures d’aide professionnelle. Cette dernière est multipliée par deux quand on passe d’une dépendance modérée à une dépendance lourde. En revanche, l’aide informelle atteint plus de 35 heures par semaine pour les personnes les plus dépendantes. Il est précisé que les personnes en établissement prises en charge par des professionnels reçoivent également de l’aide de leur entourage.

Un des axes du programme de recherche financé par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (Cnsa) est la question de savoir s’il sera toujours possible de compter sur l’aide de l’entourage dans les mêmes proportions demain. De plus, l’objectif de virage domiciliaire induit une charge qui n’est pas nécessairement soutenable pour les aidants informels. Pour ne pas faire porter toute la charge par les familles, l’aide professionnelle à domicile est donc nécessaire.

Rapport du Haut Conseil à la famille, à l’enfance et à l’âge

Michel VILLAC souligne que même si les trois conseils du HCFEA sont séparés, il a été identifié un sujet transversal : « que faire quand les contraintes familiales mettent la personne en situation de difficultés par rapport à son activité professionnelle et quelles solutions envisager ? » Il a ainsi été procédé à un panorama de l’ensemble des congés, aides, etc., aux différentes étapes de la vie. De ce panorama sont sorties quelques propositions sur la manière d’assouplir les contraintes professionnelles.

Les études ont révélé que le sujet de l’aide concerne principalement les enfants et la question de la relation à l’entreprise. Sur ce dernier sujet, la situation est assez ambivalente. D’aucuns estiment que vis-à-vis de l’entreprise les personnes capables d’assumer une tâche altruiste sont des ressources à mieux utiliser, car elles révèlent des qualités essentielles. Le contrepoint est que ces personnes ont d’autres problèmes en tête quand elles sont au travail et s’investissent donc moins dans l’entreprise. Il semblerait que cet a priori dissuade les personnes qui en auraient besoin de recourir aux congés spécifiques.

Les pistes inventoriées sont les congés proches aidants (malheureusement trop courts) et l’AVPF (assurance vieillesse des parents au foyer, qui permet dans certains cas à des personnes sans activité rémunérée de cotiser pour leur retraite sur la base d’un Smic à temps complet). L’étude s’est toutefois attachée à creuser des pistes autour des questions d’aménagement du temps de travail. Dans ce domaine, des inégalités très fortes sont notées entre secteurs professionnels ne serait-ce que pour bénéficier de temps partiels. Une des propositions émises est le « right to request », soit une forme de droit au bénéfice du temps partiel. Dans ce cadre, l’entreprise devrait motiver toute réponse défavorable. 
Une autre piste concerne l’utilisation potentielle de comptes épargne temps ou des dispositifs de cette nature qui, eux non plus, ne sont pas généralisés sur l’ensemble des secteurs professionnels.

La double peine des aidants familiaux

André MASSON indique que le nombre de pensionnaires des EHPAD augmenterait de 100 000 à l’horizon 2025-2030. Cette situation induit la question du coût. Pour rappel, le reste à charge (RAC) médian est de 2 100 € pour une chambre seule (après toutes les aides) pour un EHPAD en Île-de-France. Le coût à domicile de la dépendance lourde est également significatif.

Les dépenses non couvertes créent des pertes de patrimoines. Comme solution, il est possible de recourir au préfinancement individuel du senior. La difficulté est d’une part que seulement 15 à 20 % des individus potentiellement concernés connaîtront effectivement un épisode de dépendance lourde, d’autre part que le marché de l’assurance privée fonctionne très mal avec notamment de 15 à 25 % de refus d’indemnisation. Dans ces conditions les seniors tendent à privilégier plutôt une épargne de précaution qui servira pour divers motifs et pas exclusivement la prise en charge de la dépendance. À cela s’ajoute le « couteau suisse » de l’assurance vie sans produits dédiés. En pratique très peu d’individus sont donc couverts par une assurance contre le risque d’essuyer de fortes pertes en patrimoine s’ils deviennent un jour dépendants.

La tentation de l’État est alors, pour permettre un financement public de la perte d’autonomie, de réduire la dépense de retraite publique, dont les projections indiquent qu’elle passerait de é14 à 12 % de PIB, soit une économie d’une cinquantaine de milliards d’euros par an. André MASSON serait plutôt favorable à un maintien de la générosité d’ensemble du système de retraite, quitte à faire appel au patrimoine des retraités qui détiennent actuellement 60 % du patrimoine financier et 60 % du patrimoine non financier.

L’intervention publique viserait donc à assurer les retraités contre leur dépendance lourde pour un risque à diffusion limitée, mais aux conséquences dramatiques. Elle viserait à mettre fin à cette « loterie » sur le patrimoine familial en mutualisant le risque dépendance, de manière à éviter la double peine d’avoir un parent lourdement dépendant et une perte de patrimoine pour la famille. A cet effet, des cotisations dépendance seraient prélevées sur le stock de patrimoine des seuls retraités. Les retraités aisés conserveraient la faculté d’échapper à ce prélèvement via des donations à leurs héritiers : en transférant le patrimoine aux jeunes générations de façon à ce qu’elles puissent financer leurs projets, ce système serait économiquement beaucoup plus efficace que la situation actuelle de thésaurisation par les retraités.

L’avis du CESE sur le travail à domicile auprès des personnes vulnérables

Nathalie CANIEUX souligne que l’objectif de cet avis était de rendre plus visibles les métiers de l’aide à domicile. Le CESE s’est donc auto-saisi. Le 1er constat est que ces métiers sont peu connus. Peu de personnes sont conscientes de la situation difficile que vivent ces professionnels. Les autres constats sont : le développement insuffisant du service, des métiers mal identifiés et des activités dispersées géographiquement et statutairement. Le service à domicile compte en effet quatre branches avec autant de statuts différents : la fonction publique territoriale, la grande branche associative, le service à la personne commercial, le particulier employeur. Un tel éparpillement ne simplifie pas la gestion du système.

Il a été par ailleurs fait le constat d’un financement globalement insuffisant, et de modalités de financement très particulières qui ont des incidences profondes (via notamment des durées d’intervention exagérément courtes) sur les conditions de travail des aidants comme de prise en charge des personnes dépendantes. La gouvernance du système serait sans doute aussi à repenser.

Le manque d’attractivité de ces métiers est flagrant. Il s’y ajoute que suite au confinement, de nombreux départs ont été enregistrés. La pyramide des âges aidant, les services d’aide à domicile ne parviennent plus à recruter. Ce manque d’attractivité tient d’abord à la rémunération. Fort heureusement, l’avenant qui vient d’être agréé après deux ans d’attente augmente les salaires de 15 % en moyenne.

La reconnaissance des formations serait également bénéfique pour l’attractivité du secteur. Le CESE a recommandé une régulation de la formation entre les branches. L’enjeu est de créer des passerelles entre les blocs de compétences différentes d’une branche à l’autre. France compétences pourrait s’en occuper.

Les aidants familiaux ont insisté sur la nécessité d’avoir des professionnels formés. Il a donc été préconisé que le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale soit celui de référence, notamment pour les personnes les plus dépendantes dont la situation exige des compétences particulières. Il a également été proposé que la VAE soit adaptée. Globalement, ces métiers étant de proximité, il a également paru judicieux que les plans régionaux de la formation et de l’orientation s’attardent sur l’aide et le développement de ces formations dans les territoires.

La question du taux et des modalités de financement de ces interventions à domicile est un obstacle à l’amélioration des conditions de travail. Les professionnels sont en effet dans une situation aberrante où en un 1/4 d’heure ils doivent faire à manger, réaliser des toilettes, etc. L’incursion du financeur dans les conditions de travail est flagrante. Il est donc préconisé :

  • un financement sur un forfait global ;
  • une durée de l’intervention fixée à une heure ;
  • des formes plus collectives d’organisation du travail ;
  • un tarif plancher pour tous les départements.

Schéma unique de l’autonomie en Seine-Saint-Denis

Clotilde COTTINEAU rappelle que la Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de la métropole. L’Insee y projette toutefois d’ici 2050 un doublement du nombre de personnes de plus de 75 ans. Les besoins seront quantitativement très significatifs, ce qui oblige les pouvoirs publics à agir, sachant que le taux de pauvreté est de 22 % pour les 65-74 ans contre 12 % dans l’ensemble de l’Île-de-France.

Le fait que le département compte 34 quartiers ANRU s’est imposé comme une grande opportunité. Les élus souhaitent ainsi articuler les politiques publiques de l’autonomie et celles de l’aménagement. Le schéma a été voté à l’unanimité autour d’un axe fort : la mise en place de quartiers inclusifs. Une charte de coopération a été signée avec les partenaires institutionnels pour faire de la Seine-Saint-Denis un laboratoire d’expérimentation autour de la mise en place de quartiers inclusifs. Les enquêtes sociologiques en cours visent à prototyper des solutions qui seront ensuite essaimées dans une douzaine de quartiers qui ont été sélectionnés en lien avec les établissements public territoriaux. Cela permettra ensuite de tester de nouveaux usages et services.

Le département s’est par ailleurs lancé dans le chantier de l’habitat inclusif pour le milieu urbain défavorisé. Il s’agit, en lien avec les bailleurs sociaux, de créer des espaces de convivialité qui permettent aux personnes âgées à domicile de ne pas attendre leurs aidants, mais d’avoir un relais professionnel.

Une intervenante s’interroge sur la manière dont ces métiers d’aide à domicilie et en institutions pourraient s’articuler. Un des moyens de valoriser l’activité de l’aidant ne serait-il pas de repenser la forme des établissements pour personnes âgées dépendantes à l’avenir ?

Nathalie CANIEUX estime que l’harmonisation des formations et l’instauration de passerelles entre les statuts faciliteront sans doute le passage d’une branche à l’autre. Cela dit, le rapprochement des services d’aide à domicile avec les EHPADs n’est pas un sujet simple. Il serait pourtant intéressant en termes de lutte contre la pénibilité avec un système de vases communicants permettant aux personnes d’aller d’un cadre à l’autre, notamment pour s’accorder des moments de répit.

Une intervenante signale que travail de rapprochement des services d’aide à domicile et des services de soins infirmiers à domicile est engagé en France. Les nouveaux modèles sont repris dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022. En effet, les auxiliaires de vie ont l’impression, comme les ASH à l’hôpital, d’être le dernier maillon mais sans être dans une équipe.

Les interviews

Les interviews

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André Masson, directeur de recherche émérite CNRS et EHESS

Son intervention porte sur le financement de la prise en charge de la dépendance, complémentaire à l’APA et à la CNAM, alors que les effectifs croissent chaque année et que ces coûts restant à charge sont importants, alors même que le personnel est sous-payé avec risque de difficultés de recrutement. Il propose une source de financement par captation d’une part des épargnes « dormantes » des retraités averses au risque : en les mutualisant et en instituant une cotisation sur ce patrimoine, le rendement serait amélioré (recours aux actions), la charge dépendance serait lissée par mutualisation et n’affecterait pas les actifs, elle ne serait plus source d’angoisse pour les familles. La création d’une caisse supplémentaire dédiée à la dépendance serait ainsi source de plus grande équité entre les générations, et entre les retraités.

Découvrez l'interview d'André Masson

Arielle Cohen Tanugi-Carresse, chargée de recherche à l’Université de Brown

Elle présente une étude sur l’effet du confinement lié à la Covid-19 sur la santé mentale des séniors en Europe. Elle montre que trois types de confinement ont été établis : strict, partiel ou relâché. C’est le confinement partiel qui a le plus joué sur la santé mentale des séniors.

Découvrez l'interview d'Arielle Cohen Tanugi-Carresse

Aurélie Brossier, responsable des études et statistiques du pôle Angers / Paris de la Direction des politiques sociales de la Caisse des dépôts et Gladys Bousquet, chargée d’études actuarielle et statistiques à la Direction des politiques sociales de la Caisse des dépôts

Elles présentent une étude sur les caractéristiques et l’évolution par génération du taux de non-recours au sein du régime de l'Ircantec. Les auteures étudient la relation entre une meilleure information des affiliés sur leurs droits à retraite, la dématérialisation des processus de liquidation et la baisse significative du taux de non-recours. Elles soulignent également une forte corrélation entre le nombre de points acquis et le taux de non-recours.

Découvrez l'interview d'Aurélie Brossier et Gladys Bousquet

Carl Emmerson, directeur adjoint de l’Institute for Fiscal Studies (IFS)

Il est intervenu en conférence plénière sur les conditions de vie au travail, en fin de carrière et les impacts sur la retraite. Dans cette vidéo, il présente une étude sur la situation en emploi des seniors au Royaume-Uni, marquée notamment par une hausse importante de l’âge d’ouverture des droits à la retraite pour les femmes. Il souligne également que la hausse des taux d’emploi aux âges élevés va de pair avec une progression de la part des indépendants comme de celle des salariés à temps partiel dans la population active. Pour autant, certains ne parviennent pas à se maintenir dans l’emploi et leur situation en termes de revenus est précaire.

Découvrez l'interview de Carl Emmerson

Clotilde Cottineau, directrice de l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

Elle est intervenue dans le cadre de la table ronde consacrée au vieillissement et à la prise en charge de la dépendance : une politique sociale familiale ou collective ? Dans la vidéo, Clotilde Cottineau présente la démarche portée par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis depuis un an autour des quartiers inclusifs et des tiers lieux "autonomie dans mon quartier". L'idée est d'articuler les enjeux de la perte d'autonomie avec la rénovation urbaine afin de favoriser les échanges vers les seniors dans les quartiers populaires. Cette intervention s'appuie sur l'expertise des bailleurs sociaux et des associations locales. Elle cherche à renforcer la coordination entre les acteurs au sein des quartiers, en rapprochant les "lanceurs d'alerte" des situations de vulnérabilité (comme les gardiens d'immeuble) des espaces de vie (d'information et d'accès aux droits) accessibles tant géographiquement que socialement.

Découvrez l'interview de Clotilde Cottineau

Delphine Roy, directrice du programme « Santé et autonomie » à l’Institut des Politiques Publiques (IPP)

Son intervention porte sur la question du maintien à domicile des personnes dépendante et du niveau d’aide que cela nécessite. Cette aide est à la fois apportée par des professionnels (aide formelle) et la famille (aide informelle). A mesure que le degré de dépendance s’accroît le nombre d’heures d’aide informelle croit plus vite que le nombre d’heures d’aide formelle. Deux grandes questions ressortent : est-ce envisageable de supposer cette aide informelle constante à l’avenir ? Est-il souhaitable de faire porter le poids de cette aide sur la famille ?

Découvrez l'interview de Delphine Roy

Elsa Fornero, ancienne Ministre du Travail, des Politiques Sociales et de l’égalité des genres, professeure d’économie à l’Université de Turin

Son intervention porte sur la dépendance du système de retraite public aux risques économique et démographique. Lorsque la pérennité de ce système est touchée, une réforme est nécessaire pour assurer une sécurité financière à chacun au moment de sa retraite. Elle souligne l’importance de la communication pour qu’une réforme puisse être appliquée. Il est en effet indispensable que le gouvernement soit transparent, que la réforme soit bien expliquée à tous et que chaque personne puisse la comprendre.

Découvrez l'interview de Elsa Fornero

Emily Grundy, professeure à l’Institute for Social and Economic Research de l’Université d’Essex

Elle est intervenue dans le discours d’ouverture sur le vieillissement, la santé, la mortalité et l’effet de la covid-19 sur les perspectives démographiques. Elle a notamment présenté l’impact de la crise sanitaire dans le cas britannique, en en recensant les effets négatifs (comme la hausse des dépressions, notamment parmi les jeunes, des violences familiales, de la consommation d’alcool et les reports de soins) mais aussi positifs (comme la réduction de la pollution ou la baisse des accidents de la route).

Découvrez l'interview de Emily Grundy

Emmanuelle Cambois, chercheuse à l’INED et directrice de l’Institut de la longévité des vieillesses et du vieillissement

Dans son intervention, elle aborde le sujet de l’implication de la COVID sur le vieillissement de la population. La population âgée est en effet aujourd’hui très diverse de par le parcours et les histoires de vie des individus qui la compose. Ce parcours de vie des individus détermine les risques de dépendance. Les crises sanitaires et notamment la COVID affectent les risques de mortalité des plus âgées mais affectent également toutes les générations dans leur parcours de vie et donc dans leur dépendance future.

Découvrez l'interview de Emmanuelle Cambois

Gustavo De Santis, professeur de démographie à l’Université de Florence

Il s’intéresse à la résistance aux chocs économiques et démographiques des systèmes de retraite par répartition. Il propose une modélisation et des simulations d’un système de retraite qui offre des résiliences y compris aux choix politiques grâce à des ajustements paramétriques.

Découvrez l'interview de Gustavo De Santis

Jonathan Sicsic a réalisé une analyse économique avec Thomas Rapp et Jérôme Ronchetti de l’âge physiologique afin d’évaluer le niveau de bien-vieillir et d’effectuer une comparaison internationale nommée « Where are populations aging better ? An economic analysis of physiological age »

Les auteurs ont développé une mesure originale de l’âge physiologique tenant compte de l'influence de la fragilité, des limitations des activités de la vie quotidienne et des comorbidités. Ils ont ainsi pu explorer les déterminants socioéconomiques du bien vieillir pour 12 pays de l'OCDE

Découvrez l'interview de Jonathan Sicsic et Jérôme Ronchetti

Laurent Soulat, économiste au sein du service études et statistiques de la Direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts

Il présente une étude réalisée en collaboration avec Luc Arrondel (PSE-CNRS), Loïc Gautier (CDC) et Aurélie Lemonnier (CDC). Les auteurs montrent que l’amélioration de la connaissance des droits à retraite entre 2012 et 2020 est principalement due à la montée en charge du droit à l’information (relevés de situation individuelle et estimation indicative globale) et aux débats en 2019 et début 2020 autour du projet de réforme des retraites. L’amélioration de la connaissance contribue également à la baisse de l’inquiétude. Pour cela, l’étude recours à l’économétrie en données de panel et mobilise les réponses des 770 individus communs aux vagues 2021 et 2020 de l’enquête Pater.

Découvrez l'interview de Laurent Soulat

Mélina Ramos-Gorand, chercheuse associée à l’Université de Lorraine

Elle présente une étude réalisée avec Romane Beaufort (Cnav) et Mallory Mattmuller (Cnav) qui porte sur le non-recours des personnes âgées à leur droits de retraite. Celle-ci permet d’identifier les profils des assurés ne liquidant pas leurs droits à retraite, et de mettre ceci en regard d’autres prestations sociales.

Découvrez l'interview de Mélina Ramos-Gorand

Nathalie Canieux, membre du conseil économique social et environnemental (CESE)

Son intervention porte sur les principaux constats et préconisations formulés dans le rapport sur le travail à domicile auprès des personnes vulnérables, publié fin 2020, dont elle est rapporteuse. Les réflexions s’articulent autour de trois grands axes : l’exercice des métiers du lien à domicile, les formations et les modes de financement. Certaines préconisations ont été reprises par le gouvernement telles que le tarif plancher inscrit dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS). Elle considère la situation actuelle extrêmement préoccupante avec un manque d’attractivité important pour ces métiers dont la pénurie de personnel est une des conséquences.

Découvrez l'interview de Nathalie Canieux

Mathieu Noguès, chargé de recherche à la Chaire "Transitions démaographiques, Transitions économiques" (TDTE)

Il présente une étude réalisée avec María del Carmen Boado-Penas (Université de Liverpool). Elle porte sur la soutenabilité du système de retraite et fait la proposition d’un mécanisme d’équilibre actuariel automatique du système de retraite français.

Découvrez l'interview de Mathieu Noguès

Jérôme Schoenmaeckers, chargé de cours et de recherche à l’université de Liège

Il présente une étude réalisée avec Chiara Canta (Toulouse Business School) et Pierre Pestieau (Université de Liège et PSE) sur la répartition de l'aide informelle au sein d'un ménage vis à vis d’un parent dépendant. L’aide est modélisée par une fonction d’utilité au niveau du couple et les données de l’enquête européenne Share sont mobilisées. Le biais de filiation est prédominant par rapport à celui du genre. En termes de politique publique, ce modèle peut permettre aux pouvoirs publics de cibler les personnes susceptibles d'être moins aidées si une dépendance survient et ce, pour les inciter à s’assurer ou à épargner plus.

Découvrez l'interview de Jérôme Schoenmaeckers

Philippe De Donder, directeur de recherche au CNRS à la Toulouse School of Economics

Il présente une étude réalisée avec Bertrand Achou (HEC Montreal), Franca Glenzer (HEC Montreal), Minjoon Lee (Carleton University) et Marie-Louise Leroux (ESG-UQAM). L’étude pose la question suivante : est-ce que le fort éclairage médiatique sur la mortalité importante due à la COVID dans les EHPAD du Canada a eu un impact sur les préférences des personnes quant à leur lieu de vie en cas de dépendance, leur désir d’épargne et leur soutien à des politiques publiques favorisant le maintien à domicile ? En effet, 70% des gens de 50-70 ans ne voudraient pas aller dans une maison de retraite mais rester à la maison en cas de dépendance, quitte à épargner plus (1/4 des gens). Parmi ces gens (les 1/4) : 4 répondants sur 5 disent que la crise sanitaire a eu un impact sur leur réponse.

Découvrez l'interview de Philippe De Donder

Les partenaires

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L’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Le programme Économie Sociale, Protection et Société réunit des enseignants-chercheurs de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne sur les questions de recherche et sur des enseignements sur l’avenir de la protection sociale. L’objectif est de faire évoluer ce programme en chaire universitaire afin de réunir des chercheurs, des experts, des professionnels, des politiques et des formations sur ces sujets et de promouvoir des analyses globales sur l’ensemble des risques de protection sociale, de décloisonner les analyses souvent isolées afin d’avoir une vision plus transversale.

L’Institut des politiques publiques

L’Institut des politiques publiques (IPP) a été créé par PSE- École d’Économie de Paris et est développé dans le cadre d’un partenariat scientifique entre PSE-École d’Économie de Paris et le Groupe des écoles nationales d’économie et de statistique (GENES). L’IPP vise à promouvoir l’analyse et l’évaluation quantitatives des politiques publiques en s’appuyant sur les méthodes les plus récentes de la recherche en économie.

Les chercheurs affiliés à l’IPP sont à la fois des chercheurs de l’École d’Économie de Paris et du CREST, des chercheurs appartenant à d’autres institutions de recherche et une équipe permanente dédiée à l’IPP. Leurs travaux se rapportent à des thématiques qui couvrent un large éventail de politiques publiques : la fiscalité, les politiques sociales, les politiques d’emploi, l’éducation, la santé, les retraites, le logement, l’aménagement du territoire, démocratie et institutions et les politiques sectorielles.

Les travaux conduits par l’IPP visent à développer la recherche scientifique dans le domaine des politiques publiques et à favoriser l’appropriation par les citoyens des termes du débat public. Pour ce faire, l’IPP publie ses travaux et résultats non seulement dans un format universitaire classique, mais également dans des formats mieux adaptés à un plus large public (notes et rapports). Par ailleurs l’IPP développe des outils en ligne permettant au plus grand nombre de se familiariser avec les enjeux des politiques publiques, notamment les Barèmes IPP.

Direction politiques sociales

La Direction des politiques sociales est un opérateur de référence des politiques publiques dans les champs de notamment de la retraite, du handicap et de la formation professionnelle. Elle accompagne les parcours professionnels des Français, elle intervient dans le champ social en portant une attention particulière aux publics vulnérables afin de lutter contre les inégalités sociales

Elle travaille, en toute neutralité et transparence, au service notamment des caisses de retraite et des décideurs des politiques publiques de formation professionnelle et d’insertion, dans le cadre de mandats de confiance.

L'édition 2019

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