Le lien social, un secret de longévité

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L’allongement de la durée de la vie pose des défis à toutes les générations et interroge notre organisation médicale, sociale et familiale. Lutter contre la perte d’autonomie nécessite de recréer du lien social grâce à la mobilisation de tous les acteurs. 

Le Vendredi 30 septembre 2022

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L'avis de l'expert

Edouard de Hennezel, président du think tank « Cercle Vulnérabilités et société », nous explique en quoi une vie sociale active aide à « bien vieillir ».

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Voir Édouard de Hennezel –Les personnes vulnérables doivent occuper toute leur place dans la société en vidéo

Une approche positive de la longévité tient compte des parcours de vie individuels et des déterminants socio-économiques : ces deux dimensions façonnent les trajectoires de vieillissement.
 

La révolution du grand âge

Les défis de la longévité

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D’ici à 2050, le nombre de personnes âgées (65 ans et plus) dans le monde passera de 700 millions de personnes en 2020 à 1,5 milliard d’individus. Leur part dans la population mondiale augmenterait de 9% à 16%. Avec l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement des générations issues du baby-boom, « la France compte 3 aînés supplémentaires toutes les 5 minutes », selon l’INED. Dans certains pays européens, la population vieillit inexorablement, créant de nouveaux défis : prévenir la perte d’autonomie, financer la dépendance, adapter le système de soins, gérer les différences géographiques et sociales…

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Les chiffres clés

Source : Ined

  • 76,5 millions de Français en 2070

  • 26,3 millions de plus de 60 ans (17,3 en 2020)

  • 13,7 millions de plus de 75 ans (6,3 en 2020)

Un vieillissement inégal

Accroche

L’espérance de vie n’est pas la même pour tous : 13 ans d’écart ont été observés entre les plus riches et les plus pauvres. Des chercheurs ont mis en évidence des inégalités dans le vieillissement : les niveaux d’instruction, de revenus ou de catégorie sociale se répercutent sur la longévité en bonne santé. Les populations les plus précaires sont davantage exposées aux risques d’incapacité ou de maladie. 

On observe aussi de fortes disparités territoriales dans l’offre médico-sociale locale comme dans les besoins des populations vieillissantes. Les situations de perte d’autonomie sont plus nombreuses au nord et à l’est, où la vulnérabilité économique des populations est plus forte. Une étude publiée par la Caisse des Dépôts en mai 2022 éclaire ses spécificités géographiques dans l’accès aux soins
 

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Voir QPS Les études 37 - Les disparités territoriales en matière de vieillissement et d’accès aux soins en vidéo

Quelles réponses des politiques publiques ?

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Au moment de la création du premier secrétariat d’Etat aux Personnes âgées en 1981, la notion de dépendance est au cœur de l’action sociale. Différentes allocations sont créées, comme la prestation spécifique dépendance puis l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). La canicule de 2003, qui cause 15 000 morts en France dont plus de 87% ont plus de 70 ans, marque les esprits et met en évidence la situation d’isolement des plus âgés. L’année suivante, la loi relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées institue une journée de solidarité pour financer des actions en faveur de l’autonomie et les pouvoirs publics réforment en profondeur la Caisse nationale d’assurance maladie.

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Les chiffres clés

Source : CNSA

Le vieillissement de la population peut ainsi créer « une pression massive » sur les dépenses de protection sociale, selon France stratégie dans une note publiée en juillet 2022 (Protection sociale, le choc du vieillissement est-il soutenable ?)

  • 5,69 Md d'APA versés en 2016

  • 1,29 million de bénéficiaires de l'APA

  • 25% des personnes sont dépendantes après 85 ans

L’adaptation de la société au vieillissement

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Dernière grande loi en date sur le sujet, la loi de 2015 veut prendre acte de l’importance du vieillissement en France en plaçant la question des personnes âgées au cœur d’un projet de société et des politiques publiques. Le texte s’écarte d’une vision centrée sur la question de la dépendance pour adopter une approche plus globale où les notions de prévention, de participation sociale et de lutte contre l’isolement prennent toute leur place. En cherchant à dépasser une approche purement médicale, ce texte veut saisir toute la dimension sociétale du vieillissement et insiste sur le rôle de la prévention. Cette loi, qui a l’ambition de changer le regard sur la vieillesse, donne aussi la priorité à l’accompagnement à domicile. La lutte contre l’isolement social des personnes âgées est formellement reconnue comme un moyen de lutter contre la perte d’autonomie.

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La prise en charge de la perte d’autonomie sera améliorée si les Français de tous âges considèrent le vieillissement comme un élément positif de leurs parcours de vie. Le lien social est une composante essentielle du bien vieillir.  

La lutte contre l’isolement et la participation sociale

Le fléau de la solitude subie

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À tous les âges, la solitude peut être choisie et appréciée. Le sentiment de solitude repose sur un ressenti personnel. Certains apprécieront d’être seuls et même le rechercheront… alors que d’autres, même entourés par des proches vont se « sentir seul ». L’isolement désigne en revanche une situation de souffrance et de danger due à une insuffisance durable de relations dans leur nombre et qualité, écrit le CESE dans son rapport « Combattre l’isolement pour plus de cohésion et de fraternité. »

Cette « pauvreté en relation » est une nouvelle forme de misère qui frappe nos sociétés : 

  1. Elle traduit par une accélération de la perte d'autonomie pour les plus âgés et une dégradation de la santé pour tous. 
  2. L’isolement est un marqueur d’inégalité. Il favorise le renoncement aux soins et au non-recours aux droits sociaux.
  3. À un niveau collectif, il a un impact sur la citoyenneté et la cohésion sociale, car il crée du désengagement et de la méfiance vis-à-vis des institutions.

En savoir plus en vidéo

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Un isolement social aggravé par la crise sanitaire

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Un tiers des personnes de 60 ans et plus se sont senties isolées pendant le confinement, soit 5,7 millions de personnes, selon les Petits frères des Pauvres. L’association a observé une forte hausse de l’isolement entre 2017 et 2021 (+122%). 530 000 personnes se trouvant même dans une situation de « mort sociale » c’est-à-dire quasiment sans contact avec les différents cercles de sociabilité (familial, amical, voisinage, associatif).

Nous devons réfléchir aux solutions à apporter avec une vigilance à privilégier des actions de proximité, au plus près des du quotidien des aînés qui doit nous amener à considérer que la prévention de l’isolement relationnel est à construire tout au long du parcours de vie - Alain Villez, président de Petits Frères des Pauvres

nombre
2 M
Texte nombre
de personnes âgées isolées
Description encart
source : Petits Frères des Pauvres (2021)
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Les chiffres clés

source : Petits Frères des Pauvres (2021) 

  • 3,6 M de personnes âgées exclues du numérique

  • 6 M n'ont personne à qui parler de choses personnelles

  • 7 M de personnes âgées vivent seules

La participation sociale, un déterminant de santé ?

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Depuis les années 2000, la participation sociale des plus âgés est aussi promue par l’OMS dans les politiques de bien vieillir, qui s’inscrivent dans un objectif de prévention et de promotion de la santé. En France, elle figure dans le plan national du « bien vieillir » depuis 2007. 

"Changer les pratiques ne peut se faire sur ce sujet qu’en transformant nos représentations de la vieillesse dès le plus jeune âge et en en valorisant localement et nationalement l’apport des ainés aux enjeux économiques et sociaux" souligne le Cercle Vulnérabilités et société qui consacre une note sur la participation sociale des aînés en juin 2022".  

Pour aller plus loin, retrouver le débat "Libre choix des personnes âgées fragiles" lors de l'événement #DessineMoi2050

Description

Sur la question de la « participation », et de « l’utilité » des « vieux » dans la société, tous les âges ont à trouver leurs places, leurs rôles et leurs fonctions… Être vieux ne signifie pas la fin de notre capacité à êtres citoyens responsables du présent et de l’avenir de notre société.

Marie-Françoise Fuchs, Fondatrice de OLD'UP

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Des liens intergénérationnels bénéfiques

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Les échanges entre générations sont bénéfiques pour tous les âges : elles créent du lien, favorisent la transmission et renforcent la cohésion de toute la société. Ces relations sont aussi un enjeu de cohésion sociale majeur. Un débat organisé par le club Landoy a mis en évidence le « formidable rôle social et sociétal des seniors » selon Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP. En effet, les aînés apportent souvent un soutien décisif dans leur cellule familiale en donnant de leur temps ou de l’argent à leurs enfants ou petits-enfants. Cette utilité sociale se vérifie également dans leur engagement associatif massif.

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Les chiffres clés

Source : club Landoy

  • 61% des seniors aident financièrement leurs enfants

  • 34% des seniors font du bénévolat

  • 49% effectuent des dons à des associations

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Voir Retour sur la Rencontre du Cercle Vulnérabilités et Société du 31 mai 2022 en vidéo

Description

Le lien entre les générations constitue sans doute la forme la plus chimiquement pure du lien social. Il symbolise à lui seul la difficile coexistence de toutes ses composantes : le jeune et le vieux, l’avenir et le passé, le fort et le faible, l'insouciant et le sage, le novice et l’expérimenté, celui qui produit et celui qui coûte… 

Faire société à tous les âges (Cercle Vulnérabilités et société)

Les personnes âgées même vulnérables doivent rester libres de leurs choix et actrices de leurs parcours de vie.

Bien vieillir chez soi ?

Une cohabitation alternative

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L’habitat partagé offre une solution à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas vivre seul à domicile et… qui ne souhaitent pas ou n’ont pas besoin d’habiter dans un établissement spécialisé. Cet habitat partagé s’inspire d’un modèle de cohabitation créé dans les années 70 dans le Nord de l’Europe : plusieurs foyers se réunissent dans un même lieu et interagissent dans des espaces partagés. Cet habitat devient inclusif quand il permet d’intégrer des personnes âgées ou en situation de handicap. 

Écouter François Xavier Turbet Delof, Directeur Adjoint de l'Association de Gestion des Etablissements (AGE) des Petits Frères des Pauvres 

Dans leur rapport Demain je pourrai choisir d’habiter avec vous Denis Piveteau et Jacques Wolfrom ont montré en 2020 que ce nouveau modèle d’habitat s’inscrit dans un projet de société soutenant l’autonomie des personnes vulnérables et respectant leur choix dans leur parcours de vie. Cela permet à la fois 

  1. D’être accompagnés lorsque cela est nécessaire (y compris par la mise en commun de services d’aide)
  2. D’être en lien avec les autres quotidiennement notamment dans des espaces partagés
  3. D’être acteur d’un projet de vie collectif
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Une plateforme pour l’habitat partagé

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L'association H@pi a été créée en 2021 pour promouvoir ce mode d’habitat et lever les freins rencontrés localement. La Caisse des Dépôts, la Fondation des Petits Frères des Pauvres et le réseau de l’Habitat partagé ont décidé d’unir leurs forces pour soutenir les acteurs, de la naissance de leurs projets à sa réalisation.

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Mon habitat inclusif

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Centre de ressources et plateforme de services numériques et opérationnels qui facilitent le déploiement de l’offre d’habitat HAPI dans les territoires

monhabitatinclusif.fr

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Réseau Hapa

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Un mooc du réseau Hapa permet à tous ceux qui le souhaitent de se former en ligne sur ce modèle d’habitat et le montage d’un projet.

Réseau Hapa

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