Bien vieillir au travail, ça se prépare jeune

Colloque Retraite et Vieillissement 2021

• Je m'appelle Carl Emmerson, je suis le directeur adjoint de l'Institute for Fiscal Studies, basé à Londres. L'Institute for Fiscal Studies réalise des recherches en économie sur les enjeux des politiques publiques. Mon travail porte sur les politiques de pensions et d'épargne retraite. La présentation que j'ai donnée à cette occasion expliquait comment le taux d'emploi des seniors a évolué avec les années au Royaume-Uni, dans quelle mesure cela est dû aux différentes réformes et certains des enjeux des politiques futures avec l'augmentation de l'âge de la retraite. L'analyse est surtout descriptive et s'appuie sur l'impact des réformes politiques pour voir, lorsque l'âge de la retraite augmente, dans quelle mesure cela pousse les gens à travailler plus longtemps et les jeunes à se dire qu'ils devront partir en retraite plus tard. Puis nous avons étudié les conséquences sur les revenus des retraités. Nous en avons conclu que l'âge de la retraite a une influence sur le taux d'emploi, surtout celui des femmes âgées pour qui l'âge de départ à la retraite a nettement augmenté depuis 2010 et ces augmentations s'observent quelle que soit la catégorie de femmes étudiée. Mais les enjeux sont nombreux, beaucoup de femmes prennent leur retraite avant l'âge légal, beaucoup travaillent plus longtemps, et le groupe dont les politiques devraient le plus se préoccuper est celui des personnes souhaitant travailler plus longtemps avec l'augmentation de l'âge de la retraite mais qui ne le peuvent pas pour différentes raisons.

Je m'appelle Élisabeth.

J'ai 57 ans.

J'ai décidé de créer mon entreprise,
une conserverie artisanale,

à Dijon.

Et voilà, maintenant, c'est effectif.

Je fabrique
et je vais commencer à vendre.

J'ai commencé ma carrière
de travailleur social et médico-social

à l'âge de 25 ans.

Et il y a trois ans,

j'ai commencé à travailler

sérieusement sur ma reconversion.

Et donc, en juin 2019,

j'ai fait ma formation
pour obtenir le CAP de cuisine,

que j'ai obtenu en juin 2020.

Et en septembre 2020,
j'ai commencé aussi

une nouvelle formation pour apprendre,
cette fois-ci, à être entrepreneur.

Je suis prête.

On va descendre
dans l'atelier proprement dit,

et on va commencer
par les relèves de températures.

Voilà, on y va.

Que ce soit ma formation
pour le CAP de cuisine

ou ma formation

pour l'apprentissage
de l'entrepreneuriat,

j'ai eu recours
à Mon compte personnel de formation.

Tout a été financé
par Mon compte personnel de formation.

Pour moi, c'était évident.

Comme j'avais déjà créé mon compte,
je savais ce qu'il me restait

sur mon compte personnel,
donc voilà, c'était parti.

Et puis, même chose,

pour le parcours pour entreprendre,
que j'ai effectué

à BGE Perspectives,
ici à Dijon, eh bien,

j'ai fait jouer
Mon compte personnel de formation,

puisque, déjà à l'entretien,

les formateurs et les conseillers

m'avaient orientée
vers le compte personnel de formation.

On est les seuls experts de nous-mêmes,

donc si on a envie de changer de métier,
de se perfectionner ou d'évoluer un peu,

je trouve ça plutôt positif,
et même bénéfique,

je dirais, à chaque personne.

C'est bien de penser qu'à tout moment,

je peux me reconvertir,

me former, surtout,
car c'est important de se former.

Moi, je pense que oui, c'est très bien.

Je crois que pour moi,
la motivation principale

a vraiment été de vivre
une expérience totalement différente

de tout ce que j'ai fait

jusqu'à présent.

J'avais envie
de travailler de mes mains,

d'être artisane.

C'était l'objectif premier.

Et puis, c'est vrai,
de vivre un petit peu

l'expérience d'être son propre patron,
comme on dit.

C'est quelque chose, oui, aussi,

que j'avais envie d'expérimenter.

Parce que moi, j'aime cuisiner, en fait.

Au-delà même de faire de la conserverie,
de conserver les aliments en bocaux,

ce que j'aime vraiment avant tout,
c'est cuisiner.

Quand on veut faire son entreprise,
on veut créer,

on a un idéal,

on a un rêve.

Mais je crois que c'est très important,
à un moment,

de descendre un petit peu du rêve

et de s'accrocher à la réalité,
parce que bon,

la réalité,
elle est un peu plus difficile,

quand même, que le rêve.

Même si c'est très enrichissant.

Je suis parfaitement heureuse,
je n'ai aucun regret.

Je le dis très clairement.

C'est très motivant,

c'est très excitant, mais en même temps,

c'est très difficile, quand même.

Mais je me lance dans l'expérience.

Si ça marche, alors là,
effectivement, c'est le bonheur.

Si ça ne marche pas et que finalement,
d'ici quelques mois ou, au plus tard,

dans un an,
il faut que je dépose le bilan,

eh bien, je n'aurai aucun regret,
je ne considérerai pas ça

comme un échec,
mais vraiment comme une nouvelle

et belle expérience supplémentaire
dans ma vie.

Donc non, aucun regret.

Colloque Retraite et Vieillissement 2021

• Je suis Laurent Soulat. Je suis chargé d'études à la Direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts, et plus particulièrement en charge des publications que nous réaliserons, les questions politiques sociales sur les études que nous menons. La question de recherche qu'on s'est posée, c'est un travail en collaboration avec Lucas Rondel, avec Loïc Gautier et avec Aurélie Lemonnier. Quand on a fait les premières exploitations de la dernière vague de l'enquête PAT€R en 2020, on s'est aperçus que la connaissance qu'avaient les Français de leurs droits à retraite avait augmenté. Et l'inquiétude qu'ils avaient à l'égard de leurs droits avait diminué de manière assez forte. Donc, on s'est demandé pourquoi, et il y avait plusieurs possibilités, ce qui est notre question de recherche. Est-ce que les gens interrogés entre les deux enquêtes ont vieilli ou est-ce parce que, entre 2012 et 2020, il s'est passé des choses, et les deux principales choses qui se sont passées, c'est : 1, il y a eu une montée en charge du droit à la formation. C'est-à-dire les relevés de situation individuelle, qui sont envoyés à toute la population tous les 5 ans à partir de 35 ans, et l'estimation indicative globale, les simulations retraite qui sont envoyées à 55 ans. Donc, une montée en charge progressive entre 2012 et 2020. Et le deuxième facteur, c'est le débat qui a eu lieu autour du projet de réforme des retraites en 2019 et 2020, qui a soit amené de l'information à l'ensemble de la population française, soit poussé les Français à s'interroger sur leurs droits à retraite. Il y a un truc sympa dans l'enquête PAT€R, c'est qu'il y a des individus en panels. Donc, ça veut dire qu'on a des gens qui sont présents dans les deux vagues de l'enquête. Sur les 3 000 personnes interrogées en 2012 et 3 000 personnes en 2020, on en a 770 qui sont les mêmes. Donc, en fait, on peut voir l'évolution de leurs caractéristiques et l'évolution de leurs connaissances et de leur inquiétude à l'égard de leurs droits. Ça nous permettait de mener une analyse économétrique, en données de panel, pour identifier ce qui expliquait ces évolutions. Le principal apport de cet article, c'est que l'amélioration de la connaissance est principalement due à 2 facteurs qui sont, effectivement, ce que je disais sur notre question de recherche. 1, la montée en charge du droit à la formation qui a considérablement amené de l'information aux Français et qui connaissent mieux leurs droits. Et 2, le débat autour de la réforme des retraites. Derrière, un autre résultat, c'est qu'il n'y a pas particulièrement de différence entre les âges. Il n'y a pas d'effet d'âge. Il n'y a pas des gens qui ont une meilleure connaissance... L'amélioration de la connaissance concerne tous les âges et toutes les générations. La baisse de l'inquiétude qu'ont eue les Français provient aussi de cet apport d'informations et du débat autour des retraites. Et troisièmement, l'élément fort, c'est que l'amélioration de la connaissance a réduit l'inquiétude des Français.