Des jeunes trop souvent éloignés de leurs droits

Le Mercredi 23 novembre 2022

Ignorance de leurs droits, défiance à l’égard des institutions… De nombreux jeunes ne perçoivent pas les aides auxquelles ils peuvent prétendre. Plusieurs actions sont menées sur les territoires pour « aller vers » ces jeunes en situation de non-recours.

L’entrée dans l’âge adulte

Le départ du domicile parental est une période délicate pour certains jeunes, notamment les plus défavorisés : la précarité des premiers emplois et la hausse des prix des logements compliquent leurs parcours. Ils dépendent souvent des soutiens familiaux… mais les parents n’ont pas tous les moyens suffisants pour aider leurs enfants comme ils le souhaiteraient. Là encore, les inégalités existantes se cumulent avec la dureté du contexte socio-économique.

Le chiffre

Le logement représente 60,58% du budget des étudiants (Unef)

Ces situations de précarité voire de pauvreté ont pu être aggravées par la crise sanitaire : près de 10 000 étudiants ont bénéficié de l’aide spécifique ponctuelle en avril 2021, soit 1,5 fois plus qu’avant la pandémie de Covid.

Des aides trop familiarisées ?

Les politiques publiques ont plutôt misé sur une familiarisation des aides sociales, retardant l’accès direct des plus jeunes à ces prestations et réservant plusieurs aides fiscales aux parents. L’obtention d’une bourse est ainsi dépendante des revenus des parents. Si l’aide personnalisée au logement, la prime d’activité, le contrat d’engagement jeune1 sont aujourd’hui accessibles dès l’âge de 18 ans et indépendamment des parents, le RSA ne reste percevable qu’à partir de 25 ans.

1Depuis mars 2022, le contrat d’engagement jeune remplace la Garantie jeune.

Le chiffre

19% des 18-30 ans vivent sous le seuil de pauvreté (INSEE)

De nombreux jeunes ont des difficultés à percevoir les aides auxquelles ils pourraient prétendre : ces situations de non-recours concernent en priorité les chômeurs et les bas revenus.

Le non-recours aux droits

Un jeune sur deux serait aujourd’hui en situation de non-recours dans différents domaines (insertion, logement, santé…) selon une étude réalisée par l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore). Les jeunes qui méconnaissent leurs droits et les institutions qui délivrent ces aides ne peuvent bénéficier de ces prestations. De manière générale, ils sont peu sensibilisés aux enjeux de la protection sociale et ignorent les démarches à accomplir. Plus ils avancent en âge, plus ils se familiarisent avec ce système de protection.

Les chiffres

37% des 18-24 ans et 29% des 25-34 ans rencontrent des difficultés dans leurs démarches administratives contre 21% dans l’ensemble de la population. 

Une question de confiance

Le désintérêt voire la défiance que manifestent certains jeunes à l’égard des institutions explique aussi ces situations de non-recours. Cela concerne en premier lieu ceux qui ont vécu un décrochage scolaire : une expérience compliquée avec l’école peut les inciter à se détourner d’autres institutions. 8% des jeunes éprouvent aussi la crainte d’être perçu comme assisté et choisissent de « se débrouiller seul ».

On constate une forme de non-consentement qui articule une non-connaissance et une non-demande. Dans ce cas, le non-recours ne relève pas d’une problématique d’accès mais d’un choix de refuser une aide ou un service.
Héléna Revil, responsable scientifique de l’Odenore

Les nombreux changements de statut connus par les plus jeunes augmentent les risques de non-recours. Depuis une dizaine d’années les politiques publiques se sont saisies de ce problème pour améliorer l’accès aux aides.

Aller vers les plus jeunes

Avec le plan un jeune, une solution, plusieurs actions sont menées pour informer les jeunes en situation de précarité et/ou de non-recours. Un outil de simulation en ligne leur permet de connaitre rapidement quelles sont les prestations auxquelles ils peuvent prétendre (une quarantaine d’aides en tout).

Des initiatives se concrétisent aussi sur les territoires pour atteindre les plus vulnérables et offrir à chacun un accompagnement personnalisé dans la proximité. Par exemple, la démarche « territoires zéro non-recours » cherche à améliorer l’accès aux droits et aux services sociaux en proposant des accueils universels.

Pour aller plus loin

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Popsi - 30/11/2022