Présentation par Gabin Langevin :
L'histoire du compte personnel de formation en 2019 et en 2020, c'est d'abord celle d'un succès qui est lié à au moins deux éléments : la simplification du dispositif grâce à la désintermédiation de la consommation de formations, et aussi avec la mise en place du parcours d'achat direct.
Comment se rendre compte de ce succès ?
On peut regarder un indicateur assez simple, qui est ce qu'on appelle le taux de recours à la formation professionnelle.
Ce taux de recours, ce n'est pas très compliqué, c'est l'ensemble des salariés ayant suivi une formation, qu'on rapporte à l'ensemble des salariés en activité cette année-là.
Et lorsqu'on calcule ce taux de recours pour l'année 2019 puis pour l'année 2020, on se rend compte qu'il a progressé de 53 %.
Cette nette progression des taux de recours s'observe pour l'ensemble des salariés, quel que soit leur âge, leur sexe ou leur catégorie socioprofessionnelle.
Mais il y a quand même une catégorie de salariés pour laquelle la progression est certes importante entre 2019 et 2020, mais elle est moins rapide et moins importante, malgré tout, que celle des autres salariés.
Ce sont les salariés précaires, donc en contrat à durée déterminée ou en intérim, et les salariés rémunérés au SMIC.
Pour les salariés précaires, le taux de recours est trois fois inférieur à celui des salariés en CDI, donc c'est vraiment un écart assez important.
Malgré tout, il a progressé entre les deux années.
Comment expliquer ces écarts ?
Est-ce qu'on a des éléments objectifs pour les expliquer ou est-ce qu'il reste des choses qu'on n'explique pas et qui sont liées à des différences de consommation ?
Dans un premier temps, ce qu'on observe, c'est qu'il y a un écart en termes de solde de droits CPF.
Les salariés en CDI, eux, ils ont en moyenne 1 490 euros en début d'année, en 2020.
Les salariés en CDD, ils ont plutôt en moyenne 530 euros sur leur solde CPF début 2020, et les salariés en intérim plutôt 670 euros en moyenne.
Donc on voit bien que moins on a de droits en début d'année et moins on est capable de financer de la formation professionnelle uniquement via le CPF.
C'est le premier élément qui explique ces écarts de taux de recours.
On l'a vu, pour expliquer les écarts de taux de recours, il y a des éléments objectifs et des différences sur ces éléments objectifs, comme les soldes de droits.
En neutralisant ces écarts liés aux soldes de droits, on est capable d'isoler l'effet net de la différence liée à la nature du contrat de travail.
Et lorsqu'on regarde cet effet net, il ressort que la probabilité de recourir à la formation professionnelle d'un salarié précaire, elle est en moyenne de 41 % inférieure à celle d'un salarié en CDI.
Au-delà des spécificités liées aux niveaux de consommation qu'on vient de présenter, donc ces différences de taux de recours, il y a aussi des spécificités liées aux types de formations choisis.
D'une part, les salariés précaires au SMIC suivent souvent des formations plus courtes et moins onéreuses.
On comprend bien ça avec les différences qu'on a déjà expliquées sur les soldes de droits en début d'année.
Il y a aussi des spécificités liées aux types de formations suivis, puisque ces formations sont généralement plus opérantes en termes professionnels.
Par exemple, ça peut être des formations liées à l'hygiène dans l'alimentation collective, au Caces ou encore des formations à la conduite de VTC.
Malgré tout, pour les salariés précaires comme pour l'ensemble des salariés, la formation qui reste plébiscitée, c'est celle au permis de conduire.
En effet, un salarié sur cinq, précaire ou au SMIC, suit une formation au permis de conduire.
C'est vraiment la formation plébiscitée par l'ensemble des salariés.
En conclusion, l'information principale à retenir, c'est d'abord celle de la progression importante des taux de recours entre 2019 et 2020, qui s'observe pour l'ensemble des salariés, quel que soit leur âge, leur sexe ou leur catégorie socioprofessionnelle.
Deuxième information : une progression qui est certes là mais qui est moins rapide pour certains salariés, notamment les salariés précaires et au SMIC.
Pour plus d'informations, je vous invite à aller voir l'étude, dans laquelle d'autres éléments sont étudiés, notamment des éléments liés au sexe, à l'âge, à la catégorie socioprofessionnelle ou encore à la rémunération.