"Les études numéro 38", publié par la Caisse des Dépôts, traite aujourd'hui de la mobilité résidentielle des seniors.
La mobilité résidentielle n'est pas juste un problème de senior, ça rythme les grandes étapes de la vie, notamment professionnelle.
Simplement, au moment de la retraite, les raisons de bouger deviennent différentes.
Quand on n'a plus les contraintes liées à l'endroit où on travaille, on peut envisager d'aller dans de nouveaux endroits.
Et puis, au fur et à mesure aussi que l'on vieillit, on peut être amené à déménager également en tenant compte de questions d'accessibilité des services de proximité, ce genre de choses, et de crainte de survenue de perte d'autonomie.
La Caisse des Dépôts, via sa direction des politiques sociales, s'intéresse à ces sujets de vie et à la perte d'autonomie, d'où ce numéro.
Quels sont les principaux enseignements de cette publication ?
D'après les données du recensement de l'INSEE, on constate que 5 % des seniors âgés de 55 à 64 ans environ ont déménagé au cours de l'année précédente.
Ce pourcentage, qui est près de 5 % au moment du départ à la retraite, diminue ensuite avec l'âge et atteint un minimum aux alentours de 3 % vers 75-79 ans.
Ensuite, il rebondit un petit peu, surtout après 85 ans, où la mobilité est de près de 6 % par an.
85 ans, en fait, cela correspond aussi à l'âge où la perte d'autonomie devient fréquente et où de nombreuses personnes sont amenées à déménager vers un Ehpad, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ce qui explique cette mobilité accrue au grand âge.
En fait, c'est vraiment les mobilités vers les Ehpad qui expliquent l'accroissement de la mobilité au grand âge.
Les personnes âgées, tant qu'elles peuvent rester chez elles, ont tendance à le faire et ne bougent pas tellement pour changer de logement ordinaire.
Les personnes qui, au moment de l'âge de la retraite, entre 55 et 69 ans, déménagent, déménagent souvent pour aller habiter dans une commune moins densément peuplée, plus rurale que leur commune d'origine, en tout cas plus souvent qu'ils ne vont vers une commune plus peuplée ou plus densément peuplée.
On a donc l'impression qu'il y a un peu un mouvement de fuite des agglomérations au moment de la retraite parce que les gens ont pu être amenés à habiter dans les grandes agglomérations parce que c'est là qu'ils avaient leur travail.
Cette contrainte disparaît alors.
Si la question de l'accès aux services de proximité, notamment soins de santé, est un élément important pour expliquer la mobilité résidentielle des personnes âgées.
Le résultat qui émerge, on n'a pas l'impression que la raison qui pousse les gens à déménager, les seniors, au grand âge, à 55 ans mais même à 75 ans ou plus, ce soit la volonté de se rapprocher des services de proximité, notamment les services de santé.
En fait, les gens déménagent aussi souvent vers des communes où l'accès des soins est plus compliqué que vers des communes où cet accès est plus aisé.
En revanche, selon le type de mobilité géographique qu'ils font, les conséquences en termes d'accès aux soins varient.
Typiquement, les gens qui déménagent vers des départements littoraux, bien souvent, voient leur accès aux soins s'améliorer, tandis que les gens qui déménagent vers des départements différents de leur département d'origine mais qui ne sont pas littoraux, voient plutôt leur accès aux soins se dégrader.
C'est assez cohérent avec les résultats qu'on connaît déjà sur l'inégale répartition des professions de santé sur le territoire.
L'accès aux soins est bien meilleur sur les littoraux qu'à l'intérieur des terres, notamment dans les zones les moins densément peuplées.
Si l'on regarde plus précisément les mouvements entre départements des personnes âgées quand elles déménagent, on constate plusieurs choses.
Entre 55 et 64 ans, au moment de l'âge de la retraite, là où les mobilités sont les plus grandes, on constate d'assez fortes pertes de population des plus grosse agglomérations, notamment en Île-de-France.
Il y a beaucoup de seniors qui quittent l'Île-de-France à ce moment-là, très peu qui y emménagent.
Et les départements qui voient leur population se gonfler grâce à l'arrivée de seniors sont des départements tous situés au sud-ouest d'une diagonale Cherbourg-Chambéry, donc ouest et sud-ouest.
Ce sont soit des départements littoraux, la Bretagne, l'Atlantique ou la Méditerranée, soit des départements de l'intérieur des terres situés dans la partie méridionale de la France.
Quand on regarde les âges un peu plus élevés, entre 65 et 74 ans ou entre 75 et 85 ans, on constate les mêmes types de mobilité en moins accentuées, les gens sont moins mobiles.
Par contre, à partir de 85 ans, c'est très différent.
Les départements "attractifs" ne sont plus les mêmes, ce ne sont pas spécialement des départements littoraux et ce ne sont pas forcément des départements très urbanisés qui voient leur population de seniors baisser.
En fait, les départements qui accueillent le plus de seniors au-delà de 85 ans, ce sont souvent des départements qui ont une forte capacité d'accueil en résidences de personnes âgées, en Ehpad.
Typiquement, les départements qui vont accueillir beaucoup de seniors âgés, ça va être des départements soit très ruraux où le coût du foncier est plus faible et probablement le coût de l'hébergement en Ehpad aussi, par exemple la Lozère, ou bien des départements urbanisés, mais comme la Seine-et-Marne, c'est-à-dire en grande couronne parisienne, où le coût du foncier est quand même nettement moins élevé que dans les zones plus denses de l'agglomération parisienne, et probablement, c'est plus facile de construire des places en Ehpad, et où les gens, quand ils perdent leur autonomie, vont plutôt aller.
Vous pouvez retrouver ces résultats et l'intégralité de l'étude publiée sur le site de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts, ainsi que tous les autres numéros des collections "Questions de politiques sociales" déjà publiés.