Une nouvelle directrice à la direction du FIPHFP

Le Jeudi 23 mars 2023

Le 1er février 2023, Marine Neuville a pris la tête du FIPHFP et nous a accordé un entretien exclusif ! Elle est persuadée que tout ce que l’on peut faire pour les personnes en situation de handicap bénéficie in fine à tous les agents publics et à l’ensemble de la société.

Marine Neuville, ancienne directrice du département du développement de la direction des politiques sociales, a pris ses fonctions en tant que directrice du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). À l’aube d'un troisième mois à la tête du fonds géré par la Caisse des Dépôts, nous l'avons rencontrée.

Vous êtes arrivée dans une période très dense, notamment avec la fin de la mandature actuelle, comment se sont passés vos débuts ?

En effet, qui dit fin de mandature dit forcément préparation du renouvellement de celle-ci, en juin prochain, mais aussi rapport d’activité, conférence de presse, et donc de nombreuses échéances. Le « Comité des usagers » qui a été créé il y a quelques mois va être lancé début avril, un audit de la Cour des Comptes a également démarré. Ce sont beaucoup de sollicitations et de chantiers, en plus du travail quotidien, mais cela m’a permis de rencontrer beaucoup de gens et de commencer à me plonger dans de nombreux dossiers.

Quels sont vos premiers ressentis à ce nouveau poste ?

Je suis extrêmement motivée, et j’ai une équipe toute aussi motivée autour de moi, extrêmement mobilisée et c’est très précieux quand on arrive sur un poste de directrice. C’est un poste très riche, très varié, avec de beaux chantiers et de beaux enjeux.

Pouvez-vous nous faire un tour d’horizon de votre poste ?

Il y a tout d’abord un travail de fond, sur la politique d’emploi des personnes en situation de handicap dans la fonction publique. La question c’est : comment peut-on finalement à travers nos travaux, avec l’ensemble des chargés de mission, des travaux de l’équipe, du conseil scientifique, irriguer les politiques publiques dans le champ de l’emploi des personnes en situation de handicap et être un centre ressource et d’expertise pour tous nos partenaires et acteurs dans le domaine du handicap ?

Mon poste comporte aussi une forte dimension partenariale. Très clairement, dans le champ du handicap on n’intervient pas tout seul. C’est un écosystème très riche et parfois très complexe. Nous avons beaucoup de partenariats ; que ce soit avec les équipes de la Caisse des Dépôts ou avec l’AGEFIP, Pôle Emploi, Cap Emploi et bien sûr un certain nombre de partenariats avec l’ensemble des employeurs publics. Donc des sujets très diversifiés qui couvrent à la fois la gestion d’un établissement public avec un enjeu en termes de bon fonctionnement dans le champ des fonctions supports, qu’il s’agisse des ressources humaines, des marchés ou du budget…

Au-delà de ces sujets de fonctionnement, on a aussi des sujets stratégiques relatifs à l’emploi des personnes en situation de handicap dans la fonction publique : l’insertion, le maintien dans l’emploi et la façon dont on peut accompagner les parcours professionnels de ces agents… Notre objectif étant bien sûr d’augmenter le taux d’emploi au sein des 3 versants de la fonction publique.

Quels sont les premiers chantiers auxquels vous allez vous atteler avec l’ensemble de l’équipe du fonds ?

Mon action va bien sûr s’inscrire dans la lignée du précédent directeur, Marc Desjardins, qui a effectué un travail de grande ampleur avec toutes les équipes du FIPHFP et ses partenaires. Une continuité que je souhaite sur un certain nombre d’axes, notamment ceux du « programme exceptionnel » voté en 2022 par le FIPHFP concernant le handicap invisible, les parcours de carrière, les conditions de travail des personnes en situation de handicap et l’accessibilité numérique.
En termes d’élaboration de la feuille de route, nous attendons patiemment la Conférence Nationale du Handicap (CNH), qui doit avoir lieu début avril, pour y inscrire nos actions et nous atteler à la mettre en œuvre.

Dans le cadre des travaux préparatoires de la CNH justement, nous avons porté deux grands axes, qui rejoignent tout à fait le programme exceptionnel du FIPHFP, que sont l’accessibilité numérique et l’accompagnement des parcours professionnels des personnes handicapées. Il ne s’agit pas seulement de rentrer dans la fonction publique, il faut pouvoir y travailler et donc avoir accès aux outils (site intranet et applications professionnelles), y développer des parcours de carrière aussi intéressants et variés qu’une personne qui n’est pas en situation de handicap.

Un autre grand chantier est le lancement du tour de France du handicap invisible, avec une première étape le 11 mai en Normandie. C’est une très belle initiative lancée par mon prédécesseur. L’objectif est de rendre visible le handicap invisible, non pas pour le stigmatiser, mais pour montrer aux personnes concernées qu’il est possible de travailler au sein de la fonction publique. L’enjeu est aussi de démontrer aux employeurs publics qu’ils peuvent recruter et maintenir en emploi des personnes en situation de handicap invisible. Sur tous les territoires il y a un écosystème d’acteurs prêts à les accompagner sur le sujet, grâce à différents dispositifs et leviers.

Quels sont les défis à relever pour le fonds ?

Demain, le FIPHFP doit toujours être plus performant. Et nous sommes déjà dans cette dynamique de déploiement de nouveaux outils, notamment avec le nouveau système d’information, mis en place pour la gestion des aides et des conventions, pour toujours plus fluidifier les démarches.

Nous devons être aussi toujours plus réactifs dans les réponses que l’on apporte aux employeurs publics, pour les rassurer et les accompagner.

Nous devons être toujours plus experts, avec une formation continue de l’équipe, prendre en compte les nouvelles problématiques, cela passe aussi par tous les travaux de recherche que l’on peut mener avec le Conseil scientifique…

Le FIPHFP doit enfin être toujours plus proche de ses bénéficiaires. On a commencé à le faire avec le lancement du comité des usagers. Je pense que cette proximité passe aussi forcément par notre ancrage territorial. Il faut vraiment que le FIPHFP soit en appui des directeurs territoriaux handicap, parce qu’ils sont finalement les premiers interlocuteurs des employeurs publics dans les territoires et c’est grâce à ces derniers que l’on pourra augmenter de manière significative le taux d’emploi des personnes handicapées.

Quel bilan pouvez-vous tirer de votre poste de directrice du département du développement au sein de la direction des politiques sociales ?

Ces trois années ont été très riches, tant sur le plan des rencontres, que des projets de développement que j’ai pu mener avec mon équipe. Ce poste était très spécifique, avec un positionnement que je n’avais jamais eu au sein de la fonction publique. Mon rôle était à la fois de développer avec mon équipe l’activité de la direction des politiques sociales, tout en cherchant de l’activité auprès de l’ensemble des pouvoirs publics concernés. Donc, à la fois une démarche de conseil en interne vis-à-vis des différentes directions, pour voir comment appuyer leurs projets de développement. Mais aussi une démarche presque commerciale vis-à-vis de l’externe, pour identifier les besoins des pouvoirs publics dans le champ social, et voir comment on pouvait mobiliser les expertises de la Caisse des Dépôts pour y répondre.

Ce poste m’a bien entendu aussi permis de connaître la Caisse des Dépôts et la direction des politiques sociales de l’intérieur, une très belle expérience professionnelle.

Une connaissance certainement très utile aujourd’hui en tant que directrice du FIPHFP, dont la gestion est confiée à la Caisse des Dépôts ?

Oui, je pense que c’est un vrai plus pour mon poste actuel, puisque notre partenariat est très fort depuis la création du FIPHFP. Sur mon poste précédent j’avais été amené à travailler avec le département handicap, aujourd’hui je le retrouve et collabore avec lui, je pense que c’est un vrai gain de temps. Je comprends ses enjeux, ses contraintes, je connais son organisation, ça fluidifie énormément les échanges, on parle le même langage et j’identifie très vite les bons interlocuteurs.

Dans le cadre de mes anciennes fonctions j’avais travaillé sur certains des sujets du handicap, notamment la mise en place des Communautés 360, de Mon Parcours Handicap, un projet qui suit son cours sur l’accessibilité téléphonique… Cela m’a permis de garder du lien avec les acteurs du champ du handicap que je retrouve aujourd’hui dans mes nouvelles fonctions.

Je pense que le champ du handicap est un domaine extrêmement innovant.

De 2017 à 2019 vous avez été chef de la Mission Emploi des Travailleurs Handicapés à la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle. Finalement, le handicap est un sujet pour lequel vous travaillez depuis longtemps. Avez-vous une conviction davantage personnelle sur le sujet, qu’est-ce qui guide votre action ?

Au-delà du travail partenarial qui est nécessaire dans le domaine du handicap et qui me tient à cœur, il y a aussi la dimension d’inclusion. Le plus possible, il faut recourir à des acteurs et dispositifs de droit commun, c’est-à-dire qui s’adressent à tous. Au FIPHFP, c’est le cas par exemple de notre partenariat important avec Pôle emploi, qui travaille avec les CAP emploi. On est en cela plus efficaces, on mène davantage de projets à impact, et on discrimine moins. Finalement, notre objectif demain c’est que tous les acteurs de la société qui mettent en place un dispositif, une aide, puissent se poser la question du handicap. Est-ce que c’est accessible ? Est-ce que ça va répondre aux besoins des personnes en situation de handicap ? C’est l’idée finalement de diffuser une culture. Le FIPHFP a un rôle à jouer en termes de centre de ressources et d’expertise, pour impulser cette dynamique.

Je suis extrêmement persuadée que tout ce que l’on peut faire pour les personnes en situation de handicap bénéficie in fine à tous les agents publics et à l’ensemble de la société. Les dispositions que l’on peut mettre en œuvre améliorent le fonctionnement du collectif, de qualité de vie au travail, et donc c’est tout un climat de travail qui change.

C’est aussi l’assurance pour les agents publics que s’ils doivent un jour dans leur carrière, être malheureusement confrontés à un problème de santé ou à un handicap, ils seront bien traités et bien accompagnés par les employeurs. Finalement, ça rejoint un peu la dimension de l’innovation que tout ce qu’on peut mettre en œuvre dans le champ du handicap, peu profiter à tous demain.