— Camille Cerutti : Je m'appelle Camille Cerutti, j'ai 25 ans, je suis originaire de Marseille. Je suis la troisième d'une fratrie de 4 frères et sœurs et je suis skieuse en équipe de France de ski alpin. J'aime aller vite, déjà. Ça te procure des sensations énormes et tu as toujours cette quête de faire la meilleure manche, de skier le mieux possible. Une médaille mondiale se joue à 2 centièmes près. J'adore m'entraîner, j'adore passer des journées à faire des manches. J'aime le ski, quoi. J'aime skier beaucoup. J'ai des titres de championne de France depuis que je suis toute petite, j'ai fait une onzième place en Coupe du monde à Val-d'Isère en 2021. J'ai fait les Jeux Olympiques à Pékin, pas beaucoup de portes, mais j'ai fait les JO. Mais à la première bosse, j'ai replaqué de ma bosse, j'avais une ligne un peu trop directe et j'ai senti mon genou lâcher à la réception.
Photos de la chute
— Présentateur TV des Jeux Olympiques à Pékin : La Marseillaise, aïe, aïe, aïe.
— Camille Cerutti : Tu entends comme un ressort lâcher, tu entends un gros paf, et je me suis dit directement : "OK, croisé."
Photos de la chute
— Présentateur TV des Jeux Olympiques à Pékin : Aïe, aïe, aïe.
— Camille Cerutti : Je voyais arriver le filet, je me suis dit : "Lui, il va me tuer." En fait, en rentrant dans le filet, j'ai senti autre chose lâcher dans mon genou, et c'était les ménisques, coup par coup, qui ont lâché. J'étais dans le filet à me dire : "Ça y est, tu as fini ta saison." D'un coup, j'ai rouvert les yeux et j'ai vu une caméra au-dessus de moi et j'ai arrêté de crier d'un coup, en me disant : "Mon Dieu, maman, je vais tuer ma mère. Là, c'est sûr, elle m'entend." J'ai arrêté d'un coup, net. J'étais dans un état d'esprit où je me suis dit : "C'est pas grave, je vais revenir, il y a aucun problème. C'est un croisé, ça va aller." C'est quand je me suis rendu compte que je marchais pas bien, que j'avais du mal à me remettre sur les pieds, j'ai commencé à avoir un coup de mou en me disant : "Je vais peut-être pas revenir." C'est là que le rôle des kinés et des préparateurs physiques rentre en jeu, pour te calmer.
— Régis Mecca ( Kinésithérapeute) : Camille, quand elle est arrivée là, il a fallu la freiner un peu, parce qu'elle voulait faire plein de choses, elle voulait un peu brûler les étapes et elle en a fait certainement un peu trop. Après, ça s'est bien passé, ça a été plus long que prévu, mais on y est arrivés.
— Camille Cerutti : J'ai repris le ski à 7 mois, le plus beau jour de ta vie, on dirait. Quand tu es pas blessé, si tu skies pas pendant 5 jours, tu as l'impression d'être un drogué, tu as envie d'y retourner, donc ça fait du bien. Ma première blessure, j'avais 16 ans. J'ai eu des hernies discales au dos, ce qui m'a contrainte à ne plus skier pendant un an. Quand tu te blesses, le plus important, c'est que tu te rends compte que ton corps est ton outil, tu peux pas tout le temps lui taper dessus, et attendre qu'il tienne. Ça me permet aussi d'aider les autres athlètes, les jeunes qui se blessent au dos, de leur dire : "Prenez le temps de vous rééduquer, entourez-vous des bonnes personnes." Tout ce que tu fais subir à ton corps, un jour, il va te le faire payer. Je fais beaucoup d'interventions avec les enfants, des trucs comme ça. Prenez soin de votre corps, il y a pas d'âge pour attaquer à prendre soin de soi et c'est important.