Interview d'Eric Lombard :
-C'est un enjeu très important, parce que les personnes âgées sont en train de devenir une proportion importante de notre pays.
Et la vie sociale ne peut s'organiser que dans la mixité.
Et donc, ce à quoi contribue la Caisse des Dépôts, c'est que cette mixité soit réalisée dans tous les domaines.
Beaucoup tout ce qui est habitat inclusif, de façon à ce que tous les âges soient représentés dans les logements, les logements sociaux et les autres.
Il faut que les territoires soient inclusifs aussi, c'est-à-dire que dans chaque territoire, il y ait non seulement un accès aux soins qui soit facile, mais qu'il y ait des services qui permettent aux personnes, notamment aux personnes âgées dépendantes, de rester le plus longtemps possible à leur domicile.
Nous travaillons, par exemple, avec nos amis de La Poste pour que les postiers fassent cet accompagnement des personnes.
Et puis, il faut aussi que l'inclusion se fasse dans les entreprises et dans les institutions comme la nôtre, c'est-à-dire que le travail s'inscrive dans la durée, et qu'on ne fasse pas l'erreur, qu'on a faite il y a encore 10 ou 20 ans, d'abréger la vie de travail de personnes qui souhaitent travailler, qui ont des travaux qui leur permettent de travailler longtemps, ce qui leur permet de rester en forme et de mieux préparer leur retraite.
Laure de la Bretèche : -La proposition qui retient le plus mon attention et qui est un domaine d'intervention historique de la Caisse des Dépôts, c'est l'habitat, avec l'idée qu'au fond, on peut faire aussi de ce principe de cohabitation, de vie ensemble des générations, un des critères pour juger du bien-être et aussi des projets d'habitat.
On peut le faire à travers les plans locaux d'urbanisme, on peut le faire en pensant l'habitat différemment, en donnant toute leur place, finalement, à des générations qui, aujourd'hui, sont de plus en plus nombreuses, ont des besoins d'attention, et qui doivent tisser des liens au cœur de l'habitat.
Tanguy Chatel : On est sur la bonne voie parce qu'on est en période de crise.
C'est-à-dire que les solutions qu'on a mises en place depuis des années sont des formes de rustines.
On a différé tout un tas de sujets à plus tard, la réforme des retraites notamment, et aujourd'hui, on se rend compte qu'on ne peut plus différer parce qu'il y a une telle concentration de pénuries qui s'accumulent devant nous que nous sommes obligés d'inventer rapidement et de manière efficace.
Donc les crises ont ceci de bon : à la fois, elles nous font peur, et en même temps, elles nous obligent à inventer des recettes nouvelles, puisque les anciennes recettes produisent les mêmes effets.
Et inventer des recettes nouvelles, c'est être capables de relever collectivement le défi de l'intergénérationnel en se rencontrant, et pas simplement en agissant pour des blocs de générations : les jeunes d'un côté, les vieux de l'autre, les chômeurs là, les SDF là...
Il s'agit véritablement de se réapproprier notre société.
Sinon, on va la voir s'éparpiller et on va voir des blocs s'opposer de plus en plus.
Eric Thiers : La question du lien entre les générations peut être aussi une formidable opportunité pour créer de la solidarité au sein d'une société qui en a besoin.
Je crois que ce qui est important dans ce document, c'est qu'il met en avant une question qui a émergé il y a quelque temps, mais dont on a du mal, pour l'instant, à expliciter toutes les conséquences et tous les enjeux.
Et ce travail permet de voir à quel point cette problématique est systémique, c'est-à-dire que tous les acteurs doivent s'emparer de cette question.
Il y a une transition démographique comme il y a une transition écologique, et il faut savoir la traiter comme telle.