— Stéphanie Riss : Je m'appelle Stéphanie Riss, j'ai bientôt 52 ans. J'ai perdu la vue à l'âge de 9 ans, à la suite d'une dégénérescence des nerfs optiques d'origine inconnue pour le moment et je fais du tandem depuis bientôt 12 ans. J'ai travaillé pendant une dizaine d'années dans l'animation avec les enfants, dans un accueil périscolaire.
Depuis quelques années, je fais de la sensibilisation à la déficience visuelle en école, en collège et en centre de loisirs. J'ai commencé le tandem fin 2011, j'ai rencontré un pilote de tandem au cours d'un week-end où étaient présents des déficients visuels et des personnes voyantes, et il m'a suggéré de venir. Le fait de pratiquer le tandem m'a apporté des rencontres, de très belles rencontres, de belles amitiés et aussi le goût de l'effort, le dépassement de soi et le fait d'aller vers un même but et de savoir qu'on y va ensemble. Un jour, j'ai rencontré une personne qui a fait que maintenant, on fait du tandem presque tout le temps ensemble, c'est Violaine, parce qu'on s'entend très bien sur le tandem, et en dehors aussi. On a envie, toutes les deux, d'aller au bout de ce qu'on entreprend et il y a le petit plus, qui fait qu'elle m'explique tout ce qu'il y a autour de nous. Depuis que je ne vois plus, ce qui me manque le plus, c'est les couleurs. À l'âge que j'avais quand j'ai perdu la vue, je n'y étais pas attentive, les levers et couchers de soleil, les étoiles. Je me souviens avoir regardé les étoiles, j'aimerais pouvoir le faire, mais je ne peux plus le faire. Quelque part, faire du tandem, c'est aussi se réapproprier différemment des phénomènes naturels, sentir le vent, sentir le soleil quand on est en tandem. Il faut oser essayer. Le fait de banaliser la chose fera aussi qu'on sera mieux vus, mais surtout, ça deviendra normal, de recevoir des personnes handicapées en club et dans tous les types de pratiques.
— Violaine Litzler : C'est l'an dernier, au Vendredi saint, quand on a été les seuls à braver la superbe météo du jour, avec la pluie tout le temps. Ils nous ont servi une boisson chaude parce qu'on avait vraiment besoin de ça. Et ça nous a permis aussi de sécher en même temps. J'ai l'impression que la pratique du tandem a permis à Stéphanie, puisque ça l'a sortie d'un certain isolement, comme tous les pratiquants, comme tous les déficients visuels, de s'ouvrir à d'autres activités, d'avoir accès à de nouvelles aventures.