— Rachel Dutordoir : Je m’appelle Rachel, je suis orthophoniste, mais je suis aussi la fondatrice de La Tribu Happy Kids.
Avant d’être orthophoniste, j’étais chanteuse dans un groupe de rock. J’ai sorti trois albums, j’ai fait des Zénith, c’était très rigolo. En fait, il y a un lien, parce que j’ai voulu devenir orthophoniste pour traiter les pathologies vocales. C’est comme ça que je suis arrivée. Au début, le chant était une passion et c’est devenu mon métier pour accompagner des chanteurs et même des enseignants, tous ceux qui utilisent leur voix dans leur travail. C’était absolument passionnant.
Question : En quelques mots, c’est quoi l’orthophonie ?
L’orthophonie, c’est un panel de pathologies hyper large, et c’est aussi pour ça que ce métier m’intéressait, parce qu’on va traiter du nouveau-né en néonatalogie, par exemple, des troubles de l’oralité du nourrisson, à la fin de vie, même Alzheimer, maladies neurologiques, Parkinson… On va parler des troubles de la voix. Chez l’adolescent, on va faire les troubles de l’apprentissage, du bégaiement, c’est très, très vaste comme champ d’intervention, donc c’est passionnant.
Question : Tu peux nous parler de la dyslexie ?
Pour les personnes qui sont dyslexiques, il y a tout un parcours un peu du combattant, c’est très compliqué, du diagnostic à la prise en charge. La rééducation est longue, parce qu’on va accompagner le patient pour lui donner des astuces pour essayer de compenser la dyslexie. Aujourd’hui, je trouve que c’est intéressant parce qu’on en parle de plus en plus, parce qu’on peut être dyslexique, faire des études et s’intégrer, avoir un métier, même en lien avec l’écriture. Il existe plein de choses à mettre en place à l’école pour les enfants, notamment des outils, on peut utiliser un ordinateur, la dictée vocale. Aujourd’hui, ça a quand même beaucoup évolué par rapport à il y a 10-15 ans. On a l’IA aussi qui aide énormément les patients pour structurer leurs idées, pour écrire. Aujourd’hui, la dyslexie touche 1 personne sur 10, donc c’est quand même une pathologie qui est importante et très présente dans la population. C’est important d’informer et d’éduquer pour mieux accompagner.
Question : Pourquoi as-tu créé La Tribu Happy Kids ?
En tant qu’orthophoniste, je voyais tous les jours mes centaines de patients sur liste d’attente depuis un an, voire deux ans, qui attendaient d’avoir un rendez-vous et qui étaient désespérés, qui manquaient d’outils. J’ai commencé à chercher des solutions. C’était en 2020, j’ai commencé à créer un compte Instagram, où je donnais des astuces, des vidéos. C’est comme ça qu’est née La Tribu Happy Kids. J’ai créé une grande communauté, et j’ai décidé de créer des outils pour aller plus loin et des véritables produits. Le premier qui est sorti, c’est Ma Boîte Stop Tétine, une méthode de sevrage de la tétine. Aujourd’hui, on a toute une collection de boîtes créées par notre collectif d’experts santé, des pédiatres, des dentistes, des orthophonistes, des kinésithérapeutes, des psychologues, et c’est très chouette.
Question : Orthophoniste et cheffe d’entreprise… Mais comment fais-tu ?!
Pendant 3 ans et demi, j’ai voulu combiner les deux, jusqu’au burn-out. J’en parle parce que la santé mentale, maintenant, on en parle facilement, et je trouve que c’est hyper important de sensibiliser là-dessus et de dire qu’on n’est pas des “superwomen”, sachant que j’ai 3 enfants. J’ai dû faire un choix et, en ce moment, j’ai décidé de mettre en stand-by mon activité. Je suis toujours orthophoniste, je fais de la prévention, et aujourd’hui, mon cabinet est constitué de 25 000 familles. Donc, j’ai l’impression d’avoir un impact encore plus fort qu’avant. Je reste avant tout une professionnelle de santé, donc c'est vrai qu'il y a ce côté "j'ai créé une entreprise", mais en fait, il y a une mission, derrière, de modifier durablement les habitudes des familles.
Question : C’est quoi l’avenir de La Tribu Happy Kids ?
La prochaine étape, c’est de faire plus de partenariats avec des institutions publiques. On voudrait être plus présents dans les écoles, avoir des partenariats avec la Sécurité sociale, le ministère de l’Éducation, de la Santé. C’est vraiment notre projet pour pouvoir essayer de faire de la prévention une évidence dans l’éducation des enfants et des familles.